De l’intimité

Je dirais seulement qu’en bien des cas elle pensait comme un homme, et dans ses actes elle goûtait une certaine indépendance verticale à adopter un comportement masculin. Notre intimité était d’un ordre psychique très étrange. Très tôt, je découvris qu’elle pouvait lire dans la pensée d’une façon très sûre. Les idées nous venaient simultanément. Je me souviens d’avoir eu conscience, une fois, qu’elle pensait exactement à la même chose que moi, et dans les mêmes termes: “Cette intimité ne dois pas aller plus loin, car nous en avons déjà épuisé toutes les possibilités en imagination; et ce que nous finirons par découvrir, au-delà des sombres couleurs de la sensualité, sera une amitié si profonde que nous deviendrons esclaves l’un de l’autre pour toujours. » C’était, si vous voulez, le flirt de deux esprits prématurément exténués et qui semblait encore beaucoup plus dangereux qu’un amour fondé sur une attraction purement sexuelle.

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Les mots qu’emploient parfois les amoureux sont chargés d’émotions fausses. Seuls leurs silences ont cette cruelle précision qui leur confère la vérité.

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Les interdictions engendrent le désir qu’elles avaient pour but de guérir.

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Il n’y a pas de souffrance plus atroce que celle d’aimer une femme qui vous donne son corps et qui pourtant est incapable de livrer son être véritable – parce qu’elle ne sait pas où le trouver.

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Nous cherchons tous des motifs rationnels de croire à l’absurde.

Lawrence Durrell dans Le quatuor d’Alexandrie

Une pièce musicale E M E L – Ensen Dhaif 

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