La bibliothèque de minuit

Si un être avance avec assurance en direction de ses rêves, avait écrit Thoreau dans Walden, et s’il s’efforce de vivre la vie qu’il a imaginée, en temps ordinaire, il connaîtra un succès inespéré.

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La seule façon d’apprendre, c’est de vivre.

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Mais le vrai problème, ce n’est pas les vies qu’on regrette de ne pas vivre. C’est le regret même. C’est le regret qui nous fait nous recroqueviller sur nous-même, nous ratatiner, et nous sentir comme notre pire ennemi et celui des autres. On ne peut pas savoir si l’une ou l’autre de ces différentes versions aurait été meilleure ou pire. Ces vies s’écoulent, c’est vrai, mais on en fait partie, et c’est sur ce qui se passe qu’on doit se concentrer.

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Si vous visez à être ce que vous n’êtes pas, vous échouerez systématiquement. Visez à être vous-même. Visez à ressembler, à agir et à penser comme vous. A être la version la plus vraie de vous-même. Embrassez le fait d’être vous-même. Épousez-le. Choyez-le. Battez-vous pour lui. Et ne faites pas attention à ceux qui s’en moqueront ou le tourneront en ridicule. La plupart des ragots sont de l’envie déguisée. Restez la tête dans l’eau. Gardez votre force d’âme. Continuez à nager.

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La tristesse fait partie intégrante du tissu du bonheur. On ne peut pas avoir l’un sans l’autre. Évidemment, tout ça selon des degrés et des quantités différents. Mais il n’y a pas de vie où on peut connaître éternellement un état de pur bonheur. et imaginer le fait qu’il y en a une ne fait qu’accroître le malheur dans la vie qu’on vit.

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Elle avait connu trois types de silence dans les échanges. Il y avait le silence passif-agressif, évidemment, il y avait le silence signe qu’on n’avait plus rien à se dire, et puis il y avait le silence qu’ils semblaient avoir cultivé, Eduardo et elle. Celui de ne pas avoir besoin de parler. D’être juste ensemble, l’être ensemble. Le bonheur de pouvoir faire le silence en soi aussi.

Matt Haig (1975-) est un romancier et journaliste britannique.

Matt Haig dans La Bibliothèque de minuit

Une pièce musicale de John Renbourn – Scarborough Fair

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