
Le désir est un bien précieux. Sans désir, ta vie vaudrait-elle la peine d’être vécue ? Nos désirs sont les moteurs de nos existences. Nous désirons vivre, manger, grandir, aimer, travailler, être heureux, échanger, connaître, découvrir, nous accomplir. Ce qui nous rend malheureux et ce qui devient destructeur pour les autres, ce n’est pas le désir en tant que tel, mais le désir-attachement. C’est-à-dire un désir désordonné, sur lequel nous n’avons pas prise, et qui affecte tellement nos vies que nous en devenons esclaves. Lorsque le désir nous lie à une passion, il nous asservit et finalement nous rend malheureux et dangereux pour les autres. A l’inverse, lorsque que le désir reste sous la maîtrise de notre cœur et de notre intelligence, lorsque nous savons le limiter quand cela est nécessaire et l’orienter vers des choses ou des personnes qui sont bonnes pour nous, il nous apporte les plus grandes joies de l’existence.
Le désir-attachement nous pousse à vouloir absolument posséder une chose ou une personne et sa non-possession nous plonge dans la souffrance. De même, le désir-attachement nous pousse à vouloir conserver à tout prix une chose ou une personne et sa perte nous rend malheureux, tristes ou en colère. Apprenons donc à désirer et à posséder sans attachements.
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Ce qui ne dépend pas de nous : les évènements du monde extérieur sur lesquels nous n’avons aucune prise. Le détachement nous conduit à l’acceptation de ce que nous ne pouvons pas changer.
Il faut apprendre à se résigner lorsque notre volonté est contrariée par la vie ?
Non, la résignation est passive. Nous nous résignons lorsque nous subissons une situation, et cette résignation nous plonge dans la colère ou la tristesse. Tandis que l’acceptation est active, car elle nous fait adhérer à la vie et au réel, même lorsque ceux-ci vont à l’encontre de nos souhaits. Ce « oui » à la vie nous plonge dans un état de paix, voire parfois de joie, car notre cœur se réjouit d’avoir été capable d’adhérer au réel, plutôt que de lui avoir résisté par la contrariété, le déni, la colère, la tristesse ou le ressentiment.
Frédéric Lenoir (1962) est philosophe, sociologue, historien des religions, conférencier et écrivain.
Frédéric Lenoir dans Juste après la fin du monde
Une pièce musicale de Marta Pereira da Costa com Richard Bona – Encontro
