Puissance de la joie

L’amour ne se limite pas à la relation avec autrui. Le lien de communion ne se limite pas aux relations interpersonnelles. Les Grecs évoquaient l’idée de « s’accorder au monde » de manière harmonieuse. Ne pas être à contretemps. S’inscrire dans la ronde de la vie. Participer à une symphonie, sans être l’instrument dissonant. S’accorder au monde, c’est entrer en résonance avec nos proches, la cité, la nature, le cosmos. C’est refuser de détruire la planète et de la piller, c’est entretenir des relations respectueuses avec tous les êtres sensibles. C’est, fondamentalement, mener une vie éthiquement juste, mais plus encore, c’est vibrer dans la joie de se sentir en harmonie avec ce qui nous entoure. Toute expérience de la beauté recèle cette faculté. Contempler une œuvre d’art qui nous émeut, s’arrêter devant la perfection de la nature nous relient à ce quelque chose qui nous dépasse et nous pousse de la sorte à transcender notre moi. La contemplation nous grandit, elle fait émerger la partie la plus noble de nous-mêmes…

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Pour gagner en liberté, et donc en joie, il faut apprendre à briser les chaînes de notre esclavage intérieur. Car, bien souvent, nous sommes d’abord esclaves de nous-mêmes, et savoir cela est un antidote à la victimisation. Il est tellement plus simple d’incriminer les autres de tous nos problèmes !

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La joie parfaite réside dans ce grand « oui sacré » à la vie, dans la force du consentement. Ce n’est pas en refusant les souffrances de la vie qu’on trouvera le bonheur, mais en les acceptant lorsqu’elles sont inévitables et en comprenant que nous pouvons aussi grandir à travers elles. Notre conscience du bonheur vient de notre connaissance du malheur, et la plupart de nos joies viennent de tristesses dépassées.

Frédéric Lenoir (1962) est philosophe, sociologue, historien des religions, conférencier et écrivain. Existe-t-il une expérience plus désirable que celle de la joie ?

Plus intense et plus profonde que le plaisir, plus concrète que le bonheur, la joie est la manifestation de notre puissance vitale. La joie ne se décrète pas, mais peut-on l’apprivoiser ? La provoquer ? La cultiver ?

Frédéric Lenoir dans La puissance de la joie

Une pièce musicale de Iberia, Book 1: I. Evocación

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