Le saut quantique : psychologie de l’éveil spirituel

Autrefois, je pensais que l’éveil spirituel était une chose qui sortait de l’ordinaire, qu’il s’agissait d’un état extrêmement rare et pratiquement impossible à atteindre, à moins d’être prêt à devenir ermite et à passer des dizaines et des dizaines d’années à méditer des heures durant dans la solitude et le silence. J’estimais que seulement un nombre restreint d’êtres humains devaient avoir atteint l’éveil au fil de l’Histoire, c’est-à-dire un état intérieur continu de paix et de plénitude accompagné d’une sensation de connexion ou d’unité avec le monde autour d’eux, et accompagné aussi d’un désir altruiste d’aimer et d’aider leurs semblables. Je n’avais jamais rencontré un être humain réalisé et je ne m’attendais pas à en rencontrer un, du moins pas dans cette vie-ci. Il va sans dire que je ne me considérais pas non plus comme un être éveillé.

J’associais l’éveil spirituel aux traditions orientales comme le bouddhisme et l’hindouisme. Le terme illumination évoquait dans mon esprit des images de moines au crâne rasé portant des toges rouges, ou bien des gourous à la longue barbe entourés de fleurs et de fervents adeptes prostrés à leurs pieds. Je partais du principe que s’il existait des gens éveillés vivants, la plupart d’entre eux se trouvaient en Inde, ou peut-être au Tibet ou en Chine. Après tout, ce sont ces endroits qui abritent les plus grandes et les plus pures traditions spirituelles, tout comme les textes spirituels les plus profonds du monde, entre autres les Upanishad et le Tao Te Ching.

En comparaison, ma propre culture occidentale me semblait être un désert spirituel. J’aimais beaucoup lire des ouvrages sur les mystiques chrétiens, et il ressortait clairement de ces livres que certains d’entre eux avaient atteint l’éveil (ou, du moins, en avaient eu un aperçu). Par contre, la religion chrétienne me paraissait quant à elle trop chargée de croyances et de concepts pour pouvoir servir de tremplin à l’éveil spirituel. Dans ma culture, le paradigme du bonheur consistait à réussir à l’école et à l’université, à trouver un emploi solide assurant de bonnes perspectives d’avenir, à acheter une belle maison où je pourrais me divertir en regardant la télévision et en m’entourant de biens et de confort. Dans la vie, tout visait les réalisations et le divertissement, les biens matériels et le plaisir. Si je voulais atteindre l’éveil ou rencontrer des personnes illuminées, je me disais que je devais absolument aller en Orient.

J’avais tort.

Steve Taylor dans Le saut quantique : psychologie de l’éveil spirituel

Une pièce musicale de Anouar Brahem – After the Last Sky

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