L’oeil de la sagesse

L’œil de la sagesse s’est ouvert, parce qu’il a fait l’expérience du rôle de la sensation et de la réaction qu’elle engendre. C’est dans la sensation que se trouve la racine de la souffrance, et si vous ne vous attaquez pas à sa racine, vous ne pourrez pas en venir à bout. C’est cela que le Bouddha a mis en pratique et qu’il a enseigné : observez- vous vous-même, c’est-à-dire observez votre esprit et votre corps, au fur et à mesure que vous approfondissez votre observation, vous ne trouvez que des sensations, rien que des sensations, et vous remarquez qu’une partie de votre esprit continue à réagir : la partie de l’esprit nommée Viññāṇa ,conscience ne fait que connaître, la partie nommée sañña perception reconnaît et évalue, la partie nommée vedanā, sensation, ressent, mais la partie nommée saṅkhāra, réaction, réagit, ne cesse de réagir. Si la sensation est agréble, la réaction devient de l’avidité, si la sensation est désagréable, elle devient de l’aversion.

C’est cette habitude mentale qui doit être changée : c’est cela qu’à découvert le Bouddha.

*

Votre avidité ne naît que lorsque vous ressentez une sensation. Un objet vient en contact avec une de vos « portes sensorielles », telles que l’oreille ou l’œil ; immédiatement une sensation se produit. Et, quand une sensation se produit, la perception, cette partie de l’esprit qui identifie et juge ce qui est enregistré par la conscience, l’évalue : elle est agréable, elle est désagréable ; elle est très bonne ou très mauvaise, etc. Quand la perception dit « très bon », la sensation devient très agréable, et quand elle dit « très mauvais », la sensation devient très désagréable. Alors seulement vous commencez à régir : « J’aime ça, j’aime ça de plus en plus, de plus en plus », et vous désirez prolonger cette expérience ; ou « Je n’aime pas ça, je n’aime pas ça du tout », et vous désirez l’interrompre. A un niveau superficiel, vous avez l’impression que vous réagissez à un objet extérieur : quelqu’un vous a insulté, les insultes ont atteint vos oreilles et vous réagissez par de la haine. A un niveau superficiel ce constat est juste : vous réagissez aux insultes ou aux louanges. Mais le Bouddha est allé plus loin : il a compris que l’on ne réagit pas aux insultes ou aux louanges, mais aux sensations produites par elles. Votre réaction ne naît que lorsque vous éprouvez une sensation

Satya Narayan Goenka (1924-2013) était au départ un homme d’affaires birman d’origine indienne dont les affaires étaient tout à fait prospères. À l’âge de 31 ans, il se mit à souffrir de migraines très intenses qu’aucun des meilleurs médecins ne réussissait à soigner. Par dépit, il rencontra alors un haut fonctionnaire birman qu’on lui avait recommandé, Sayagyi U Ba Khin, lequel lui transmit la pratique de la méditation Vipassanā. Puis, il commença lui-même à transmettre cette pratique lors de séminaires de pratique intensive de dix jours en silence.

Satya Narayan Goenka dans Trois enseignements sur la méditation Vipassana

Une pièce musicale de LES VOIX DE SILVACANE – Chants Carnatiques de l’Inde du Sud