Shōsan-Dōgen et autres

Lorsque les gens oublient qu’ils sont appelés à mourir, et agissent comme s’ils croyaient vivre éternellement, ils se montrent incapables d’apprécier les mois et les années qui passent. Regardez-les donc! Leurs seules raisons d’être? Cupidité, colère et mensonge! Ils confondent bonté et flatterie, sens de l’honneur et cajoleries. Qu’il s’agisse de la société ou de leur propre famille, ils manquent à tous leurs devoirs, négligeant à la fois leur travail et leur foyer pour succomber à d’inutiles penchants.

Shōsan

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Si les autres t’apparaissent désagréable, par quel miracle veux-tu leur apparaître agréable?

Shōsan

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La vie c’est comme la conduite d’un bateau. Vous actionnez la voile, le gouvernail et la perche, mais c’est le bateau qui vous porte, et vous n’êtes rien sans lui. Mieux, tout en conduisant le bateau, vous faites que le bateau soit ce qu’il est.

Réfléchissez un peu sur ce point particulier. À ce moment précis, le bateau est le monde. Le ciel, l’eau et la rive deviennent de simple circonstance du bateau.

Pour cette raison, la vie est ce qui nous fait vivre. Oui, c’est la vie qui fait que nous soyons nous mêmes.

Lorsque vous conduisez le bateau, le corps et l’esprit, l’objet et le sujet sont les œuvres mêmes du bateau. La terre toute entière comme l’immensité de l’espace ne sont autres que les œuvres du bateau. Nous qui sommes la vie, la vie qui est ce que nous sommes, cela va tout ensemble.

Dōgen, Shōbōgenzō

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Il est un proverbe zen qui dit « c’est cela, mais si tu te fixes sur cela, alors ce n’est plus cela. » Autrement dit, ainsi que l’affirme l’enseignement du Zen, la réalité immédiate est en elle-même l’éveil, à condition que la reconnaissance conceptuelle du « c’est cela » ne vienne pas remplacer l’expérience directe et déclencher à nouveau le mécanisme de fixation ou de blocage de l’attention.

Thomas Cleary (1949) est docteur en langues et civilisations extrême-orientales. Il est spécialiste des philosophies et des religions d’Extrême-Orient et traducteur de textes bouddhistes et taoïstes. La voie du samouraï Dans cet essai dense et clair, l’auteur commence par mettre en place le contexte de sa problématique générale, en résumant l’histoire militaire du Japon et la naissance de la caste des samouraïs, puis en évoquant les rapports complexes du zen et de la politique japonaise. A la lumière d’écrits de maîtres zen tels que Takuan et Shôsan, ou de samouraïs comme Musashi et Munemori, il introduit le lecteur au cœur de la psychologie et de la technique de la voie du guerrier – bushidô.

Thomas Cleary dans La voie du samouraï. Pratiques de la stratégie au Japon

Une pièce musicale de Adrian Freedman – Seijaku – Zen Music for Shakuhachi