Traité de noblesse intérieure

La conscience du Soi (l’invisible, par opposition au moi), se développe par approfondissement, maturation, par une attention à soi, à nos pensées, à leur va-et-vient incessant. L’attention peut se développer encore et découvrir ce silence entre deux pensées, cet intervalle entre deux souffles, cet espace invisible entre les « choses » extérieures et intérieures. On devient ainsi de plus en plus conscient de son souffle, de son axe et de tout ce qui nous entoure. Conscience de la Présence qui est en tout et en tous, de son énergie qui circule, de la lumière et de sa beauté.

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Si nous nous aimions les uns les autres avec élégance et sérénité, ce serait « la fin du monde », la fin du commerce, de l’exploitation de l’homme par l’homme, la fin de la guerre, la fin…

Il faut choisir son apocalypse : soit le monde périra par les effets de sa propre violence, soit il disparaîtra grâce à l’amour.

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La légèreté c’est cette élégance qui naît de la conscience d’être vacuité, cette conscience de ne pas être le Soi et de laisser être le Soi.

« Par le non-agir il n’y a rien qui ne se fasse » disait Lao-TseuL Par notre non-être, l’Être se déploie.

Notre non-savoir, non-avoir, non-pouvoir, sont les grandes failles par lesquelles la grande Vie, la pure Conscience et l’Amour infini peuvent se répandre.

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L’amour gratuit rend libre, il n’y a plus de maître ni d’esclave.

Il n’y a rencontre que de souverains qui s’inclinent les uns devant les autres.

Jean-Yves Leloup (1950- ) est Docteur en philosophie, psychologie et théologie, écrivain, conférencier, dominicain puis prêtre orthodoxe.

Jean-Yves Leloup dans L’élégance du soi : Traité de noblesse intérieure

Une pièce musicale de Der Voghormia (Traditional Armenian Song)