La voie du souffle

Dans la présence du corps, il y a cette rondeur qui m’enveloppe, ce frémissement vital. Je me sens de retour chez moi, dans cet espace charnel qui est “moi” le temps d’une vie certes éphémère, mais tellement intense, belle, passionnante. La méditation est avant tout un retour au corps. Et je remercie le Bouddha pour cela, pour ce retour au corps qu’il a su ancrer dans les cœurs et les esprits, et retransmettre à travers les âges.

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La méditation s’apparente, par son acte existentiel, à une révolution. Et elle est beaucoup plus significative que ce que certains décrivent comme un simple outil pour « gérer » notre mode de vie trépidant.

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Le plus étonnant dans cette parenthèse spirituelle qui demande un petit effort d’organisation au début, pour finir par s’intégrer complètement au déroulement de la journée, c’est que non seulement elle offre un espace de méditation idéal, mais en plus, le stress et la plupart des tensions accumulés au cours de la journée y sont comme miraculeusement dissous. En silence, qui plus est. Pas de négociations avec le stress, pas de querelles avec les tensions. Le silence, la présence du sacré, et les nœuds à défaire se défont tout seuls. C’est le non-agir dans toute sa splendeur, bien loin de l’aspect « transactionnel » des relations à flux tendu dont nous avons l’habitude en Occident. Cette approche silencieuse me fait penser à la manière qu’ont les Indiens kogis des montagnes de Colombie de régler les conflits et de mettre en œuvre leurs projets : ils se réunissent et méditent. Parfois quelques heures, parfois pendant des jours, des semaines. La réunion se termine lorsque l’atmosphère est limpide et que les activités peuvent reprendre de bon cœur.

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Êtes-vous plutôt une méditante, un méditant, du soir ou du matin ? À vous de le découvrir, bien sûr. La session matinale est énergisante et clarifiante, elle permet d’aborder la journée avec enthousiasme ; celle du soir active une « digestion » des impressions de la journée écoulée, avec, à la clé́, une sérénité́ retrouvée pour une nuit ressourçante.

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L’espace de méditation peut être délimité dans votre lieu de vie comme un sanctuaire dédié́ dans une pièce ou dans le séjour. Selon les goûts et les couleurs, faites-vous plaisir, installez un tapis qui vous inspire et ornez-le d’un petit autel, d’un vase avec des fleurs, d’une bougie, de quelques objets significatifs. Ou faites le choix d’une sobriété́, « sans rien qui dépasse », comme c’est le cas dans certaines traditions qui ont fait de l’espace de méditation un espace « plein de vacuité́ ». Cet espace n’a pas à être constant, il peut être mobile, éphémère, et même portatif : le zafu, coussin zen traditionnel, est un espace sacré à lui tout seul, que l’on peut faire disparaître après utilisation.

L’espace dédié à la méditation se situe donc là où vous décidez de l’installer, permanent ou impermanent – le silence fait le reste.

Laurent Huguelit dans La voie du souffle

Une pièce musicale de David Tolk – Miracles