Cultiver la compassion

Par expérience, je constate que nous déprécions ce qui est ordinaire et simple, nous ne nous en contentons pas. Nous voulons toujours que les choses soient mieux, plus sophistiquées, et nous rendons tout plus compliqué. En réalité, ce qui nous rend heureux est simple et ordinaire.

Par exemple, le simple fait de respirer. Respirer est une expérience très ordinaire, qui n’a rien de spécial. Mais si nous y dirigeons notre attention et savourons l’expérience, nous voyons à quel point le seul fait de respirer est absolument incroyable. L’oxygène dont nous avons besoin vient de l’extérieur, des plantes et des arbres.

Nous ne pouvons pas survivre sans respirer, et toutes les conditions nécessaires sont continuellement et naturellement présentes, sans requérir d’effort de notre part. C’est vrai non seulement pour une respiration, mais pour toutes celles qui suivent. Ceci peut suffire à produire un extraordinaire sentiment d’émerveillement, de satisfaction et de bonheur.

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Voici une parabole. C’est un vieux couple qui a un seul enfant, un fils, mais celui-ci a des ennuis et se retrouve en prison. Les parents tombent malades d’inquiétude et n’ont personne pour s’occuper d’eux. Ils ne peuvent pas compter sur leur fils, qui est enfermé en prison et ne peut sortir pour les soigner. Dans notre égoïsme, nous sommes exactement pareils. Nous sommes coincés en prison, une prison que nous avons nous-mêmes fabriquée, où personne d’autre que nous-mêmes ne nous a mis. À l’extérieur, se trouvent tous les êtres qui sont comme nos parents, mais dont nous sommes séparés et déconnectés.

Ces êtres ont besoin de vous, ils vous attendent. Mais comme vous êtes coincés dans la prison de l’égoïsme, vous ne pouvez aller vers eux. Il est donc de votre responsabilité, pour le bien de ceux que vous aimez, de générer une compassion puissante et, en vous appuyant sur la force que cela vous donne, de briser la prison de l’égoïsme.

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Notre perception des choses est confuse, parasitée par les différents concepts que nous leur accordons. Libre de la dualité, de l’attachement, comme de l’aversion, l’esprit des Bouddhas est totalement clair, pour la bonne raison qu’il n’établit plus de séparation entre « Je » et le monde.

Orgyen Trinley Dorjé (1985- ) (aussi écrit Urgyen Trinley Dorjé) est reconnu par le 14e dalaï-lama, le gouvernement chinois et trois des quatre régents de l’école karma-kagyu comme le 17e karmapa, dirigeant cette école du bouddhisme tibétain.

Ogyèn Trinlé Dorjé dans Cultiver la compassion

Une pièce musicale de Akasha Experience – Om Purnamadah