Dix ans avec maître Deshimaru

Mourir à son petit moi, mesquin et égoïste, pour découvrir une vie plus profonde et agir instant après instant, pas après pas, avec vigueur, sagesse. Créer sa vie au lieu de la subir.

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Le zen répond : pour vivre. Méditer pour vivre plus fort, plus clair, plus conscient de nos mobiles, de nos rêves. Créer une existence puissante, sans craintes, sans angoisses inutiles.

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Mon expérience me permet à présent de dire que tout exercice assurant un changement dans la conscience quotidienne, celle de l’habitude, est en lui-même une thérapie. D’ailleurs tout système gymnique et corporel se targue d’être une panacée : en fait, chacun doit retrouver pour lui-même les pratiques efficaces qui dénoueront les nœuds de son corps ; exercices physiques qui détendront muscles, nerfs, introduiront une relaxation profonde des systèmes neuro-végétatifs et permettront une nouvelle perception du monde, débarrassée des œillères créées par les divers conditionnements de la vie courante.

Il est certain aussi que des pratiques millénaires telles que le yoga mais aussi les mouvements dansés du tai-chi, les massages shiatsu et la méditation en posture de zazen, amènent non seulement un véritable mieux-être mais, et surtout, un plus-être. Car la raison ultime de ces pratiques est d’unir les aspects statiques et dynamiques de notre personnalité, d’établir un harmonieux fonctionnement entre les zones gauche et droite du cerveau ainsi qu’entre les systèmes sympathiques et de créer un état de perception lucide, vigilant, calme. Maintenir en soi cet éveil est une œuvre à recommencer sans cesse car les différentes tendances sombres et lumineuses de notre personnalité ainsi que nos diverses impulsions individuelles, instincts, désirs, intuitions, frustrations, tensions… se mêlent sans cesse en un véritable ballet intérieur qui est celui même de la vie. Une existence créative se fonde, jour après jour, sur l’aspiration à, l’observation de, la concentration sur, la méditation en, l’amour pour, qui débouchent sur l’action juste. En cela les exercices divers du yoga, correctement pratiqués, et de surcroît ce véritable raja-yoga qu’est le zazen, posture originelle d’éveil du Bouddha reprise par tous les vrais maîtres du ch’an et du zen, demeurent sans conteste essentiels à l’être humain, d’aujourd’hui et de demain.

Marc de Smedt (1946) est un éditeur, journaliste et écrivain français.

Il s’est spécialisé dans les techniques de méditation et les sagesses du monde, qu’il retranscrit et partage dans son œuvre. Marc de Smedt, qui fut son éditeur, a pu suivre son enseignement pendant dix ans, jusqu’à la mort du maître en 1982. Il nous offre ici son témoignage de première main sur la vie quotidienne au dojo parisien ou lors des voyages, sur le charisme du maître et son humour truculent. Il livre en passant ses réflexions sur la vie, la mort et le zazen comme  » danse immobile « .

Marc De Smedt dans Le rire du tigre : Dix ans avec maître Deshimaru

Une pièce musicale Macro Dimension – « Raku » by Eric Aron – photos by Namaki