La grâce de la solitude

Les mots solitude et liberté sont équivalents.

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Je crois que pour vivre-parce qu’on peut passer cette vie sans vivre, et c’est un état sans doute pire que la mort- il faut avoir une chose qui n’est malheureusement pas si courante, et là il s’agit d’une grâce. Pour vivre, il faut avoir été regardé au moins une fois, avoir été aimé au moins une fois, avoir été porté au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. La solitude n’est plus jamais mauvaise.

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Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie, c’est par la présence bien plus que par la langue et par la parole. La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c’est la présence.

C’est elle qui est silencieusement agissante.

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Pour vivre, il faut avoir été regardé au moins une fois, avoir été aimé au moins une fois, avoir été porté au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. La solitude n’est plus jamais mauvaise. Même si on ne vous porte plus, même si on ne vous aime plus, même si on ne vous regarde plus, ce qui a été donné, vraiment donné, une fois, l’a été pour toujours. A ce moment-là, vous pouvez aller vers la solitude comme une hirondelle peut aller vers le plein ciel.

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Tant qu’on ne s’est pas quitté soi-même, tout est prétexte à attachement.

Marie de Solemne, Christian Bobin, Théodore Monod, Jean-Michel Besnier et Jean-Yves Leloup dans La grâce de la solitude

Une pièce musicale de Alex Nevsky – Même l’impossible fleurit