Je ne puis penser sans émotion au moment où Mozart, ayant tout juste terminé l’écriture du Don Giovanni, dépose sa plume et regroupe ses feuillets. C’est un temps fort de la vie de l’humanité et, par extension, de la réalité tout entière. Tous les créateurs, musiciens, peintres, poètes, ont ajouté de la beauté au monde. Ils ont enrichi notre vie en nous donnant accès à des moments de bonheur ineffable. Et, en généralisant, je pense que tout être humain, dans sa sphère d’activité, petite ou grande, peut être un artisan du huitième jour.

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La pensée occidentale, issue des philosophes grecs et des théologiens chrétiens, accorde aux concepts et à la logique une importance à mon avis exagérée. L’idée de pouvoir encapsuler la réalité en quelques phrases et fabriquer des « credos » valables pour tous est non seulement naïve, mais dangereuse ! Le plus fort peut ensuite imposer le sien aux autres. On a justifié par là des épisodes lamentables d’oppressions, (…) et d’atroces guerres de religions. On s’est entre-tués pour des distinctions futiles.

Sur ce plan, nous avons beaucoup à apprendre de l’Orient, des sagesses traditionnelles de l’Inde et de la Chine. Les maîtres zen pratiquent l’art des « koan ». Il s’agit de blagues absurdes pour enseigner la méfiance à l’égard de l’intellect pur comme mode d’accès à la réalité profonde de l’univers. Le « moi » tout entier – corps et esprit, intelligence, émotions et sensibilité – doit y participer. Il faut tous ces canaux pour entendre ce que Jung appelle la « voix intérieure ».

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Toute contestation est salutaire; la tentation est toujours grande de s’installer et de se conforter dans une idéologie. Même si tout le monde s’accorde sur un point, ce point n’est pas nécessairement vrai. Il arrive en effet que tout le monde se trompe. On en connaît plusieurs exemples.

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La question du devenir de l’homme sur la Terre nous amène à une interrogation plus générale: la complexité est-elle viable ? Dit autrement: Un être évolué peut-il atteindre un niveau d’efficacité sans s’auto-détruire ? La poursuite de la performance n’aboutit-elle pas à un cul de sac ?

Hubert Reeves et Edmond Blattchen dans Les Artisans du huitième jour

Une pièce musicale de Paul Baillargeon – 13h00 Moment de répit