Caresses

Entrez dans le monde des caresses de Lassaâd. Venez suivre le voyage abstrait de ses doigts. C’est une après-midi d’été à Nantes avec  le corps nu d’une dame allongée à plat-ventre près de lui qui promène un index du creux des reins vers les épaules. La fenêtre de la chambre est ouverte sur  un bourdonnement d’insectes dans un jardin où bruissent des roseaux – crayons de calligraphes. Mais là, tout à son art, pour l’artiste en dreadlocks, c’est ongle ou dernière phalange qui tracent des arabesques – pleins et déliés qui s’enchaînent, ponctuations posées là. Il fait si chaud en ce mois d’août que la dame croirait mourir s’il n’y avait le doigt sensuel du calligraphe sur son dos. Comment il a rencontré cette dame, par quelle roublardise il l’a conduite jusqu’ici, on ne sait pas mais il a su la sortir de sa vie même si tout à l’heure elle retrouvera sans doute enfants et mari. Pour l’instant elle se sait support d’œuvre d’art et peu lui chaut la morale. Son épiderme ressentant l’exécution de l’œuvre qui s’accomplit, elle oublie ses ennuis, sa fatigue du quotidien et qu’importe plus tard. C’est la paix hors des chaînes d’infos bruyantes pour un temps oubliées dans la beauté, l’équilibre, et le silence d’un oriental dessin invisible qui se fait alors que l’artiste lui murmure à l’oreille d’une voix suave : « On considère la respiration d’un calligraphe comme un acte sexuel. Avec le corps de la lettre il fait l’amour. Dans le corps de la lettre et le corps humain réside la même sensualité. Le roseau est l’instrument le plus ancien de l’écriture et du graphisme. On va chercher, toujours à droite, l’espace libre puis on part vers la gauche. On s’oriente vers le cœur parce que c’est là que réside la force consciente », conclut-il en soulevant sa main.

« Aaah… », soupire la dame. Ça lui a fait dans l’âme comme un bien-être signé Lassaâd Metoui.

Jean Teulé dans Comme une respiration…

Une pièce musicale de

Gilles Hainault – Chant d’Amour