
Dieu était partout, et les «voyageurs» venus le chercher de si loin ne le trouvaient nulle part, parce qu’ils oubliaient de le chercher en eux-mêmes.
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Tous les murs de la maison étaient courbes et irréguliers, comme les abris naturels des bêtes : nids, gîtes ou cavernes. Quand on y pénétrait pour la première fois, on s’étonnait de s’y trouver si extraordinairement bien, et on comprenait alors ce qu’il y a d’artificiel et de monstrueux dans la ligne droite, qui fait des maisons des hommes des machines à blesser. Pour dormir, pour se reposer, pour aimer, pour être heureux, l’homme a besoin de se blottir. Il ne peut pas se blottir dans un coin ou contre un plan vertical. Il lui faut un creux. Même s’il le trouve au fond d’un lit ou d’un fauteuil, son regard rebondit comme une balle d’une surface plane à une autre, s’écorche à tous les angles, se coupe aux arêtes, ne se repose jamais. Leurs maisons condamnent les hommes à rester tendus, hostiles, à s’agiter, à sortir. Ils ne peuvent en aucun lieu, en aucun temps, faire leur trou pour y être en paix.
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Nous avons des yeux et nous ne voyons pas.
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Tout ce que nous faisons, c’est d’abord pour nous-mêmes.
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L’intelligence est plus rare que l’or.
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Oublie tout ce qu’ils t’ont appris commence par rêver.
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Toute main que l’on tend vers un écorché ne lui donne que de la douleur. La guérison ne peut venir que de l’intérieur de lui-même, et du temps.
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Ceux qui se rendront à Katmandou ne reconnaîtront pas ce qui est écrit dans ce livre.
Ceux qui suivront les chemins qui y mènent ne reconnaîtront pas les chemins de ce livre.
Chacun suit son chemin, qui n’est pareil à aucun autre, et personne n’aboutit au même lieu, dans la vie ni dans la mort.
Ce livre ne cherche pas à donner une idée de la réalité, mais à s’approcher de la vérité.
Celle de Jane, et celle d’Olivier, dont il raconte l’histoire.
René Barjavel (1922-1985) fut un auteur et journaliste français.
Barjavel dans Les chemins de Katmandou
Une pièce musicale de Anxmus || Music From East Nepal 2.0
