Un vieux moine vint pour acheter des champignons japonais sur le bateau. Ce vieux moine, âgé de plus de soixante-dix ans, était tenzo (cuisinier) dans un temple dans la montagne près de Shanghai. Son visage reflétait une grande profondeur et Dogen en fut intrigué. Il l’invita à passer la nuit sur le bateau, souhaitant discuter avec lui. Le moine répondit qu’il devait retourner le soir même au temple car il devait cuisiner.
« Dans un grand monastère tel que le vôtre, dit Dogen, il y a certainement d’autres moines qui peuvent préparer le repas.
– Je suis vieux, répondit-il, et je suis tenzo. C’est la pratique de mes vieux jours. Comment pourrais-je laisser à d’autres ce que je dois faire ?
– Vénérable moine, dit Dogen, pourquoi une personne âgée comme vous devrait-elle faire ce travail si éprouvant au lieu de lire et d’étudier les sutras ? »
Le moine éclata de rire et dit :
« Jeune ami venu de l’étranger, vous semblez bien ignorant de ce que signifient la pratique et l’enseignement du bouddhisme ! »
Il l’invita à venir lui rendre visite dans le temple de son maître, et il le salua.
Dogen fut très impressionné par cette rencontre et un jour, en 1225, il se rendit au temple de Nyojo, nommé alors supérieur du temple Keitoku-ji sur le mont Tendo, dans le Minshu.
Au cours d’une conversation il demanda au tenzo :
« Quel est le sens de la lettre ? De quelle manière doit-on lire les sutras ?
– 1-2-3-4-5 », répondit le vieux moine.
Et Dogen demanda encore :
« Comment faire pour étudier la Voie, le véritable bouddhisme ?
– Nulle part la Voie n’est dissimulée. »
Dogen insista :
« Comment faire pour étudier les sutras, le véritable bouddhisme ?
– 1-2-3-4-5 », rétorqua le tenzo.
C’est l’esprit de la pratique qui est important. Ce n’est pas le geste en lui-même.
Maître Dogen dans Le Trésor du zen – L’Autre Rive
Une pièce musicale de Washington Toho Koto society – Tsuioku – 追憶