Éloge de la folle sagesse

Malheureusement, au sein des communautés d’élèves sur la voie, organisées ou non, il est rare que l’on soit prêt à se mettre au service les uns des autres en s’aidant mutuellement à traverser les résistances, en toute lucidité et en toute générosité. Souvent, lorsque quelqu’un manifeste de manière évidente de la négativité, les autres membres de la communauté veulent éviter la tâche délicate et souvent ingrate consistant à aider son prochain dans une période de crise. Ils n’aident pas la personne mais veulent au contraire que cette manifestation disparaisse là où ils ne la verront plus — loin des yeux, loin du cœur. Il arrive donc que lorsqu’une personne aurait le plus besoin d’être soutenue par la communauté elle se trouve au contraire rejetée parce que ce à quoi elle se confronte en elle-même fait peur à ceux qui ne l’ont pas encore traversé. Ou bien, si on a traversé une crise et que l’on voit l’autre passer par la même expérience, il arrive que l’on manque de compassion et que l’on se dise : « Je m’en suis sorti. Il n’a qu’à faire pareil. » Dans leur prétendue « lucidité », ceux qui se positionnent ainsi manquent en fait de patience et minimisent la crise que traversent les autres. C’est pour cette raison que l’éducation est toujours importante. Apprendre, apprendre, apprendre.

Si une personne traverse une crise et s’en sort en ayant progressé, cela profite à toute la communauté. Cette vérité doit être reconnue à sa juste valeur.

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La plupart des gens ont une vision romantique du chemin spirituel. Ils découvrent un maître, lisent quelques bouquins, connaissent des extases en psalmodiant des chants indiens, se font prendre dans les bras par une quelconque Mère Divine et s’imaginent qu’ils vont en retirer un progrès spirituel. Mais tout cela ne changera rien.

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La vérité, c’est que « vous » existez. Nous sommes tous des êtres humains réels dans un monde réel. La vraie question, c’est : qu’y a-t-il de vraiment réel dans tout cela ? Se pavaner en prétendant faire comme si le monde ou nous-mêmes n’existions pas, voilà bien la pire des supercheries spiritualisante !

Lee Lozowick dans Éloge de la folle sagesse

Une pièce musicale de Bill Evans – Never Let Me Go