
Quand ils parlent de leur expérience de cette Force descendante, les disciples de Pondichéry disent : « La Force de Sri Aurobindo et de la Mère » ; ils n’entendent pas par là que cette Shakti soit la propriété personnelle de Sri Aurobindo et de la Mère ; ils expriment ainsi, sans le vouloir, le fait qu’elle n’a son équivalent dans aucun autre yoga connu. Nous touchons ici, expérimentalement, la différence fondamentale entre le yoga intégral de Sri Aurobindo (purna yoga) et les autres yogas. Si l’on essaye d’autres méthodes de yoga avant celle de Sri Aurobindo, on s’aperçoit, en effet, d’une différence pratique essentielle : au bout d’un certain temps, on a l’expérience d’une Force ascendante (appelée kundalinî en Inde), qui s’éveille assez brutalement dans notre être à la base de la colonne vertébrale et s’élève de niveau en niveau jusqu’à ce qu’elle ait atteint le sommet du crâne, ou elle semble éclore dans une sorte de pulsation lumineuse, rayonnante, qui s’accompagne d’une sensation d’immensité (et souvent d’une perte de conscience, qu’on appelle extase) comme si l’on avait débouché éternellement Ailleurs.
Tous les procédés yoguiques, que nous pourrions appeler thermogénerateurs (âsana de l’hatha-yoga, concentrations du râja-yoga, exercices respiratoires ou prânâyama etc.) visent à l’éveil de cette Force ascendante ; ils ne vont pas sans dangers ni perturbations profondes, ce qui rend indispensables la présence et la protection d’un Maître éclairé.
Nous y reviendrons. Cette différence de sens du courant, ascendant ou descendant, tient à une différence d’orientation que nous ne saurions trop souligner.
Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.
Satprem dans Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience
Une pièce musicale de Shastro – Finding Shangri-La
