L’art de ne pas toujours avoir raison

Comprendre, ce n’est pas donner raison ni normaliser. C’est une preuve de curiosité et d’empathie intellectuelle. Et ça renforce la crédibilité de la critique qui s’ensuit.

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L’individu doit s’affranchir de la nécessité de s’agripper à chaque conviction, car cela permet une progression plus facile. Le doute, plutôt que la certitude, est la véritable sagesse.

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Il faut être hospitalier envers les opinions différentes, car le dialogue authentique suppose la possibilité d’avoir tort.

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Au lieu de chercher la confrontation ou la victoire, il faut accueillir l’opinion adverse comme une opportunité d’instruction, car « quand on m’est contraire, on éveille mon attention, non pas ma colère ».

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Dans le contexte actuel, alors qu’on préfère se gargariser de ses certitudes plutôt que de s’interroger honnêtement, alors que chacun reste cloîtré derrière ses convictions sans jamais sortir de soi, et alors que tout le monde voit l’idéologie et l’irrationalité dans la cour du voisin mais jamais dans la sienne, l’humilité qu’incarne Montaigne est peut-être non seulement la plus importante, mais la plus urgente des leçons philosophiques.

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Car vouloir penser de manière critique sans faire preuve d’autocritique, c’est scier la branche sur laquelle est assis notre esprit.

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Le fait d’être intellectuellement adroit n’a jamais été un gage de droiture intellectuelle.

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Les Anciens avaient leurs agoras et leurs forums, les Lumières avaient leurs salons et leurs cafés, nous aurions Twitter et Facebook. Entre la vidéo d’un chat avec un chapeau comique qui joue du piano et une photo de mon dernier osso buco, nous allions réinventer la démocratie.

Martin Desrosiers, dans L’art de ne pas toujours avoir raison : ou Penser contre soi-même avec Montaigne

Une pièce musicale de Ardie Son – Hidden