Nuit de feu

Quelque part, mon vrai visage m’attend.

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Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s’émerveiller qui manquent, mais les émerveillés.

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Qu’est-ce qui importait dans une prière, dire ou se faire écouter ?

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Tout a un sens. Tout est justifié.

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Ma conception du voyage avait changé : la destination importe moins que l’abandon. Partir, ce n’est pas chercher, c’est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n’a d’autre but que de se livrer à l’inconnu, à l’imprévu, à l’infinité des possibles, voire même à l’impossible. Partir consiste à perdre ses repères, la maîtrise, l’illusion de savoir et à creuser en soi une disposition hospitalière qui permet à l’exceptionnel de surgir. Le véritable voyageur reste sans bagage et sans but.

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Le véritable voyage consiste toujours en la confrontation d’un imaginaire à une réalité; il se situe entre ces deux mondes. Si le voyageur n’espère rien, il ne verra que ce que voient les yeux ; en revanche, s’il a déjà modelé les lieux en songe, il verra davantage que ce qui se présente, il percevra même le passé et le futur au-delà de l’instant.

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En tout cas, j’avais souvent vécu sans m’en apercevoir, confondant la suractivité et le bonheur d’être. Oui, je m’étais davantage agité que réjoui. Je m’étais encombré de problèmes en négligeant de savourer un simple trésor, vivre.

Éric-Emmanuel Schmitt (1960) est un écrivain et réalisateur français naturalisé belge. Ses œuvres sont très inspirantes. À vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu?

Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique -, Eric-Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.

Eric-Emmanuel Schmitt dans La nuit de feu

Une pièce musicale de Geoffrey Oryema interprétée avec Peter Gabriel – Land of Anaka

Les paroles en français sur https://fr.lyricsfeast.com/paroles-land-of-anaka-de-geoffrey-oryema-traduction-francais.html