Je suis la flamme

Je plante mes mains dans le jardin

Et je sais, je sais, je sais, je vais verdir

Et dans mes paumes violacées d’encre

Les hirondelles vont venir pondre

J’accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles

Je colle des pétales de dahlia sur mes ongles

Il existe une rue

Où des garçons les cheveux en bataille

Le cou mince et les jambes maigres

Étaient amoureux de moi

Et pensent encore aux sourires innocents d’une feuille

Qu’une nuit le vent a emporté

Il existe une rue que mon cœur a volé

Aux quartiers de mon enfance

Forme en voyage sur la ligne du temps

Avec une forme féconder la ligne sèche du temps

La forme d’une image en conscience

Qui revient de la fête du miroir

Et c’est comme ça

Que quelqu’un meurt

Et quelqu’un reste

Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un pauvre ruisseau

Coulant au creux d’un fossé

Moi

Je connais une petite fée triste

Qui habite un océan

Et qui souffle son cœur dans une flûte en roseau

Si doucement, doucement

Une petite fée triste

qui la nuit meurt d’un baiser

Et d’un baiser au matin renaîtra

Forough Farrokhzad (1935-1967) fut une poétesse et réalisatrice iranienne.Forough Farrokhzad dans Je suis la flamme

Une pièce musicale Solo Oud performing: ‘Sheydayi & Dashtestani