L’exil de soi ou le manque

Jugement

Nous avons tous cette conviction erronée que le bonheur est dans les objets : si je peux être uni à ce que j’aime je suis heureux, si je ne peux pas, je souffre. Et l’affirmation étonnante de ces enseignements qui nous sont proposés et que nous pouvons vérifier, c’est qu’il y a là une illusion. Le bonheur, l’état complètement heureux, nous est intrinsèque, c’est notre véritable nature dont le jeu des désirs et des refus nous exile sans cesse. Un désir se lève : je veux quelque chose et, tant que je ne l’ai pas, il y a une frustration, il y a un manque et ce manque est ressenti comme souffrance. Il nous aliène de ce qu’on appelle généralement notre vraie nature ou la vraie nature de l’esprit, qui, elle, est naturellement, intrinsèquement heureuse et parfaite. Au moment où nous nous unissons à ce que nous aimons, nous croyons : cette femme m’a rendu heureux ou cette chaîne hi-fi m’a rendu heureuse, alors que c’est faux, que ce n’est pas ainsi que cela se passe. En fait, la frustration, la tension due au désir ressenti comme un manque à combler vous a exilés de votre vraie nature qui est complètement heureuse : sat chit ananda, l’être, la conscience, l’état de bonheur parfait, qu’on traduit par béatitude ou bliss en anglais.

Extrait de Bienvenue sur la voie, de Arnaud Desjardins

Une chanson Sortez-moi de moi de Daniel Bélanger