Libres

L’enseignement du Bouddha et des patriarches est que les êtres humains sont fondamentalement libres. C’est nous-mêmes qui sécrétons nos entraves par notre attachement aux objets et nos milliers d’opinions sur toutes choses. Les mécanismes qui conduisent à l’attachement ont été décrits par le Bouddha. Les phénomènes extérieurs, les organes de perception qui les perçoivent, les sensations puis la volonté d’appropriation qui en découlent, tout cela fait que nous sommes entravés par les milliers de phénomènes que nous rencontrons.

Maître Yakujo dit : « Si vous réalisez que la conscience et l’objet n’ont fondamentalement aucun contact, vous serez libres en ce monde. »

C’est une liberté totalement différente de celle qui consisterait à pouvoir s’approprier tout ce que l’on désire. C’est la liberté qui consiste à réaliser qu’il n’y a aucune appropriation qui soit nécessaire. Pratiquer la Voie ne consiste pas à cesser de rencontrer les phénomènes mais à les rencontrer sans que notre esprit en soit détérioré.

Ici, pendant le zazen, nous entendons parfois le bruit du train qui passe. Malgré cela notre esprit n’en est pas détérioré. Si, par exemple, nous devons prendre le train à la gare et qu’en arrivant nous entendons le bruit de la locomotive se mettre en marche, beaucoup de choses affluent dans notre esprit. Pendant zazen, le bruit apparaît puis disparaît sans que cela implique des opinions et des jugements.

On pourrait croire qu’une telle attitude se traduit par de la froideur. Mais cela n’est pas le cas.

Pierre Crépon dans L’art du Zazen

Une pièce musicale de Zazen – The Emptiness of Life | Samurai