Shabkar

Aurions-nous des provisions

pour cent ou mille ans,

Au seuil de la mort,

nous devrons tout abandonner.

Aurions-nous une garde-robe suffisante

pour nous vêtir cent ou mille ans,

Au seuil de la mort nous serons nus.

Posséderions-nous cent

ou mille pièces d’or ou d’argent,

Au seuil de la mort,

nous aurons les mains vides.

Serions-nous entourés de cent

ou mille parents et amis,

Au seuil de la mort nous serons seuls.

Ainsi en est-il !

*

La lune se lève

Dans le ciel pur de la nuit

Son reflet apparaît

Sur la surface étale du lac

Mais la lune n’est pas dans le lac, n’est-ce pas ?

Sachez qu’il en est ainsi de tous les phénomènes

*

Me fondant dans l’espace de la vacuité

Sans limite ni frontière

Tout ce que je vois et entends

Esprit, ciel, tout devient un.

*

La haute maison de terre battue est la vue.

Les solides fondations sont la méditation.

Les murs soigneusement tassés sont l’action.

Ces trois éléments réunis forment

La maison de terre battue qui perdure à jamais.

*

Ton premier but doit toujours être

D’engendrer et de nourrir en ton cœur un amour

Tel que la douleur d’autrui te soit insupportable.

Fais ainsi jusqu’à la naissance

D’une vraie compassion, naturelle et spontanée.

*

A regarder les milliers de yaks sauvages et d’hémiones

Qui errent dans la vaste plaine,

La prétention des nomades à posséder de grands troupeaux

N’est plus que vaine vantardise.

Shabkar Tsogdrouk Rangdröl (1781-1851) est yogi et poète tibétain, maître de l’école Nyingma.

Tsogdrouk Rangdröl Shabkar dans Poèmes tibétains de Shabkar

Une pièce musicale Nepal, Tibet and the Himalayas – Tibetan Chant sung by Dechen