L’âme a deux yeux: l’un regarde le temps, et l’autre se tourne vers l’éternité.
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On n’apprécie rien si on ne le contemple pas ; ce qui manque au monde c’est la contemplation.
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Toi, tu n’es pas dans l’espace, c’est l’espace qui est en toi. Jette-le hors de toi, et voici déjà l’éternité.
Toi-même crées le temps, tes sens forment l’horloge. Arrête donc en toi le balancier, et c’en est fait du temps.
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Le sage qui s’est porté au-dessus de lui-même, repose quand il court, agit quand il contemple.
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Homme, ta félicité tu peux la saisir toi-même : Si seulement tu t’y disposes et y consens.
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Je ne sais pas ce que je suis, je ne suis pas ce que je sais : Une chose, et pourtant aucune chose, un petit point et un cercle.
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Ami, j’arrête là. Si tu veux lire encore, va, toi-même deviens l’écriture et l’essence.
Angelus Silesius dans Le Voyageur chérubinique
Une pièce musicale d’Erik Satie – Gnossienne No.1