L’homme superlumineux

La mort produit une sorte de renversement. Le corps physique disparaît, dans la mesure où les organes physiques, et particulièrement le cerveau, ne peuvent remplir leur rôle de filtre, et la conscience se retrouve libre de toute entrave. Le grain de poussière que nous sommes passe brutalement de la doublure du vêtement à son endroit en traversant le tissu du vêtement, c’est-à-dire le mur de la lumière.

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La description de l’univers à laquelle nous aboutissons rejoint celle que donnait Leibnitz au XVII e siècle; la même idée nous guide (nous avons d’ailleurs souligné cette parenté au chapitre 1): chacune des parcelles de l’univers, qu’elle soit animée ou inanimée, dispose d’une part de conscience puisque chaque électron, chaque particule possède une partie superlumineuse, c’est-à-dire une portion d’information et de conscience.

La grande différence qui sépare les deux univers, superlumineux et sous-lumineux, est celle-ci: alors que l’information dans le monde sous-lumineux est à la base de séquences causales (l’information est organisée suivant le principe de causalité liée à l‘écoulement du temps), dans l’univers de la conscience son aboutissement est la création de synchronicités.

Au-delà de la barrière de la lumière et des barrières sémantiques et conceptuelles, il est bien difficile d’aller plus loin que nous ne l’avons fait. Cependant, il est probable que des mystiques de toutes religions ont pu, à certains moments, appréhender cet univers, ce qui se traduisait pour eux par le sentiment de l’ineffable, au-delà de toute description par des mots. Peut-être quelques peintre abstraits du XX e siècle, ou des compositeurs de musiques étranges, ont-ils eux aussi entrevu cet univers au-delà de toute description. Il faut d’ailleurs noter, et ce n’est sans doute pas un hasard, que la peinture abstraite s’est développée en même temps que la relativité et la mécanique quantique.

Régis Dutheil et Brigitte Dutheil dans L’homme superlumineux

Une pièce musicale de Max Richter – Luminous