L’oiseau et sa symbolique

Un texte oriental raconte qu’un oiseau revêtu d’un plumage chamarré se regardait dans l’eau calme d’une fontaine. Le miroir lui renvoyait des couleurs variées : rouge, bleu, vert, doré. Doué d’humilité, sachant qu’il n’était pas le créateur de sa magnificence, l’oiseau contemplait ce chatoiement. Il interrogea un passereau réputé pour la sagesse de sa connaissance.

– D’où me vient cet éventail de couleurs ? Le moineau réfléchit longtemps avant de répondre :

– Tu es comparable, dit-il, à un minuscule arc-en-ciel. Évoquant le monde invisible, ta vocation est de relier le firmament à la terre. Grâce à ton vol, tu apprends aux hommes la nécessité de se dégager du sensible. Tel l’ange, dont tu es le petit frère terrestre en raison de tes ailes, tu annonces les bonnes nouvelles : tu enseignes le mystère des noces du céleste et du terrestre.

Satisfait par cette réponse, l’oiseau interrogateur s’envola en chantant. Le passereau, levant sa tête minuscule, suivit des yeux, là-haut, le sillage d’une lumière chatoyante…

Alors il s’émerveilla et poussa de légers pépiements pour exprimer son admiration.

Non loin, un tisserand avait en silence assisté à la scène. Il était pauvre et manquait de travail, mais il savait la langue des oiseaux et avait tout compris. Prenant un morceau de pain, il se mit à chanter avant d’entamer son frugal repas.

La brise transporta les vibrations sonores de l’oiseau et du tisserand : deux hymnes de joie se répondirent tels un couplet et un refrain. Et toute la création tressaillit de béatitude. Même les pierres riaient tandis que les boutons des fleurs s’ouvraient. C’était là leur façon de sourire.

Des hommes qui se trouvaient dans un chemin entendirent les mélodies. Mais ils n’y prêtèrent aucune attention.

Une petite taupe passa son museau à travers une motte de terre : elle écoutait et se sentait heureuse. Quant au soleil, il redoubla de clarté : l’air et la terre se réchauffèrent. Et ce fut le printemps.

Marie-Madeleine Davy a consacré une partie importante de son œuvre à la question de la symbolique des éléments naturels dans l’expérience spirituelle. Ainsi l’oiseau enseigne à l’homme le secret des secrets : tracer son propre itinéraire sans se comparer à autrui. Savoir que la nuit obscure engendre l’aurore. La montagne, lieu de l’effort et de l’initiation, de la solitude et de l’universalité, mais aussi de l’émerveillement, est la voie royale qui nous mène au pays de la découverte de soi, aux cimes spirituelles de la sagesse. Les nuages, enfin, symboles de fécondité et de douceur par la pluie qu’ils recèlent sont des appels à l’invisible. Ils invitent à la quête autant qu’à la contemplation. Le présent volume rassemble pour la première fois trois textes fondamentaux de Marie-Madeleine Davy : L’Oiseau et sa symbolique, La Montagne et sa symbolique, ainsi que sa contribution au volume collectif Les Nuages et leur symbolique.

Marie-Madeleine Davy dans L’oiseau et sa symbolique

Une pièce musicale de Igor Stravinsky ~ « L’oiseau de feu » Finale