
« L’homme est un être de transition, annonçait Sri Aurobindo au début de ce siècle, en même temps qu’il annonçait une “évolution nouvelle”. C’est l’histoire inconnue de cette transition qui nous est contée ici et les premiers coups de pioche d’une espèce nouvelle qui supplantera l’Homo Electro-nicus comme un jour nous avons supplanté les singes. »
Un crépuscule et une aube nouvelle.
Une crête très mince entre le Merveilleux et le désastreux.
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Alors, voilà, nous avons une clef, une clef colossale, c’est ce « je sais » du corps. Et on découvre l’énorme camp de concentration dans lequel nous vivons individuellement et terrestrement. On découvre que ce corps, notre corps, est tout entier fabriqué par la mort, qu’il est la-mort-qui-vit, avec des milliers et des millions de gardiens qui le déchirent et l’enferment et le menacent et lui crient à chaque instant : « Plus loin que ça, c’est la mort; au-delà de ça, c’est la mort; ton cœur va lâcher, tes forces s’en vont, tu vas devenir infirme, tu vas perdre la tête… » Et tout cela est tout à fait fou. Des millions de gardiens de la mort, armés de mitraillettes médicales et ancestrales et des signes psychologiques les plus convaincants – douloureusement convaincants.
Et on apprend, il faut apprendre que tous les signes physiologiques sont des Mensonges inventés par la mort pour nous retenir dans ses filets. Il faut apprendre, ou mourir. Comme le poisson sur le sable.
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Mais l’Homme a-t-il jamais été? L’Homme n’est peut-être pas encore? Il lui manque la clef de son secret physique, évolutif, qui le délivrerait à tout jamais de ses diables et de ses dieux — et de sa prison mortelle. Une évolution ne peut pas s’arrêter jusqu’à ce qu’elle ait trouvé tout son secret: c’est dans la semence même, dans nos cellules mêmes, qui sont peut-être faites d’autre chose que ce grimaçant «acide désoxyribonucléique», dont nos Sorciers se targuent. Et les convulsions mêmes de notre Âge sont peut-être faites pour nous obliger au Secret.
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Les marins disent qu’il y a deux parties dans un bateau: les «œuvres vives» au-dessous de la ligne de flottaison, et les «œuvres mortes» au dessus. Mais c’est le même bateau! Et il y a ce corps, au fond, en dessous, dedans, porté par ce formidable courant nouveau, cette formidable respiration nouvelle, qui crie je SAIS-je SAIS-je SAIS! et même si je meurs, je sais! et l’autre au-dessus et au-dehors qui crie je meurs-je meurs-je meurs!
Mais c’est la mort qui meurt
Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.
Satprem dans La révolte de la Terre
Une pièce musicale de Daniel Deuschle – Enduring Hope
