L’antidote: lire

lecture

Antonio José Bolivar dormait peu. Jamais plus de cinq heures par nuit et de deux heures de sieste. Le reste du temps, il le consacrait à lire des romans, à divaguer sur les mystères de l’amour et à imaginer les lieux où se passaient ces histoires.

*

Il possédait le seul antidote contre le venin de la vieillesse, il savait lire.

*

– De quoi ça parle?

– De l’amour.

A cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.

– Sans blague? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout?

Le vieux ferma le livre d’un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.

– Non. Ça parle de l’autre amour, celui qui fait souffrir.

*

C’était l’amour pur, sans autre finalité que l’amour pour l’amour. Sans possession et sans jalousie.

– Nul ne peut s’emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s’approprier le bonheur de l’autre au moment de l’abandon

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Il avait souvent entendu dire que la vieillesse apporte la sagesse, et il avait attendu avec confiance cette vertu qui devait lui donner ce qu’il désirait le plus : le pouvoir de maîtriser le fil de ses souvenirs et de ne pas tomber dans les pièges que lui tendait parfois sa mémoire.

Luis Sepúlveda dans Le vieux qui lisait des romans d’amour

Une chanson avec Peter Gabriel – The Book of Love

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/270392.html

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