Vivre dans la beauté

Alors qu’est-ce qui est véritablement en jeu ? Qu’est-ce que l’amour représente pour moi ? Pourquoi en ai-je autant besoin ? Simplement parce qu’il me rend vivant.

C’est cela le grand secret : l’amour est l’essence même de la vie, il est l’arrière-plan sur lequel tout se déploie et il est en même temps ma véritable nature. Ce n’est pas un besoin émotionnel que je ressens, c’est un besoin existentiel. Je cherche de l’amour parce que je ne me sens pas pleinement vivant, parce que je vis à l’extérieur de moi-même. Par ce fait, cette recherche est en réalité un appel de moi-même à moi-même, c’est un appel à être ; j’ai la nostalgie de ce que je suis.

Si je regarde bien ce qui se passe, chaque fois que j’acquiers quelque chose, chaque fois qu’un désir est accompli, pour un très court instant, je me sens comblé, je me sens plein, je me sens libre. Parce que, dans ce très court instant, je suis libéré de l’objet et je peux me goûter. Dans ce très court instant, je me sens être. En fait, au travers des objets ou des actions, c’est ma propre nature que je cherche constamment à éprouver.

Mais tant que je vis dans cette extériorité de moi-même, tant que je cherche à m’éprouver à travers des objets, cette plénitude ne peut être que de très courte durée. Tant que je suis persuadé que l’amour est à l’extérieur, qu’il peut être obtenu, qu’il peut être acquis ou perdu, je ne peux qu’être insatisfait parce que je ne cherche pas au bon endroit. L’amour n’est pas un objet, ce que je suis n’est pas un objet.

Robert Eymeri dans Vivre dans la beauté

Une pièce musicale de Johann Sebastian Bach – Adagio

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