Yuval Noah Harari

La quantité d’informations qu’il faut obtenir et emmagasiner pour suivre les relations en perpétuelle évolution de quelques douzaines d’individus seulement est renversante. Tous les singes montrent un vif intérêt pour ces informations sociales, mais ils ont du mal à bavarder efficacement. Les Neandertal et les Homo sapiens archaïques avaient probablement aussi du mal à parler dans le dos des autres : une faculté très calomniée qui est en vérité essentielle à la coopération en nombre. Les nouvelles capacités linguistiques que le Sapiens moderne a acquises voici quelques 70 millénaires lui ont permis de bavarder des heures d’affilée. Avec les informations fiables sur les personnes de confiance, les petites bandes ont pu former des bandes plus grandes, et Sapiens a pu élaborer des formes de coopération plus resserrées et plus fines.

On pourrait croire à une plaisanterie, mais de nombreuses études corroborent cette histoire de commérage. Aujourd’hui encore, la majeure partie de la communication humaine – e-mails, appels téléphoniques et échos dans la presse – tient du bavardage. Celui-ci nous est si naturel qu’il semble que notre langage se soit précisément développé à cette fin.

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Tout comme le choc de deux notes de musique jouées ensemble donne son élan à un morceau de musique, la discorde de nos pensées, idées et valeurs nous oblige à penser, à réévaluer et critiquer. La cohérence est le terrain de jeu des esprits bornés.

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« Celui qui a une raison de vivre, disait Nietzsche, peut endurer n’importe quelle épreuve ou presque ». Une vie qui a du sens peut être extrêmement satisfaisante même en pleine épreuve, alors qu’une vie dénuée de sens est un supplice, si confortable soit-elle.

Yuval Noah Harari dans Sapiens : Une brève histoire de l’humanité

Une pièce musicale de Kitaro – Hajimari

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