Mouvements du silence

Il y a le silence entre deux bruits, le silence entre deux notes, et le silence qui s’élargit dans l’intervalle entre deux pensées. Il y a ce silence particulier, tranquille, pénétrant, qui vient par certains soirs dans la campagne; il y a le silence à travers lequel on entend l’aboiement d’un chien au loin, ou le sifflet d’un train alors qu’il gravit une pente raide, le silence dans une maison où tout le monde est allé dormir, et sa curieuse amplification lorsqu’on se réveille au milieu de la nuit et qu’on écoute un hibou qui hulule dans la vallée; et il y a le silence avant que ne réponde sa compagne. Il y a le silence d’une vieille maison désertée, et le silence d’une montagne; le silence entre deux êtres humains, lorsqu’ils ont vu la même chose, senti de la même façon et agi.

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Il y a le silence d’une conscience qui n’est jamais atteinte par aucun bruit, par aucune pensée, ni par le passage du vent de l’expérience.

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Il y a l’étrange silence qui existe dans un temple ou dans une église vide, profondément à l’abri dans une campagne, loin du bruit des touristes et des dévots; et le silence lourd qui s’étend sur l’eau et fait partie de ce qui est au-dehors du silence de la conscience.

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L’esprit méditatif contient tous ces aspects, ces variations et ces mouvements du silence.

Jiddu Krishnamurti dans La révolution du silence

Une pièce musicale de Ludovico Einaudi – Temple White

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