L’unité humaine

Quand la Nature doit concilier deux éléments dans une harmonie, sa méthode constante est de commencer par procéder à un mouvement de bascule, lent et continu, où elle semble parfois pencher entièrement d’un côté, parfois entièrement de l’autre, et d’autres fois corriger les deux excès par un ajustement temporaire et un compromis modérateur plus ou moins réussis. Les deux éléments apparaissent alors comme des adversaires nécessaires l’un à l’autre et qui peinent pour trouver quelque solution à leur conflit. Mais comme chacun a son égoïsme et obéit à la tendance innée qui pousse les choses, non seulement à se préserver mais aussi à s’affirmer dans la mesure de leur force disponible, chacun cherche à trouver une solution qui lui donnera la part maximale et lui permettra de dominer, si possible complètement, voire même d’engloutir entièrement l’égoïsme de l’autre dans son propre égoïsme. Ainsi, le progrès vers l’harmonie se fait par un conflit de forces et semble souvent ne pas être du tout un effort vers la concorde et l’ajustement mutuel, mais au contraire un effort pour se dévorer mutuellement.

Et en fait, notre plus haut idéal d’unité n’est pas l’absorption de l’un par l’autre, mais de chacun par l’autre afin que chacun vive entièrement dans l’autre et comme cet autre. C’est là l’ultime idéal de l’amour, et c’est vers cela que les conflits s’acheminent aveuglément, car, par la lutte, on ne peut arriver qu’à un ajustement entre deux exigences opposées, non à une harmonie stable ; à un compromis entre deux égoïsmes antagonistes, non à leur fusion l’un en l’autre. Néanmoins, le conflit conduit effectivement à une compréhension mutuelle croissante, qui finalement rend possible l’essai d’unité réelle.

Sri Aurobindo dans L’Idéal de l’unité humaine

Une pièce musicale de Come As You Are (Nirvana) | Playing For Change | Song Around The World

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/242912.html

Laisser un commentaire