La voie glorieuse

Un jour elle est partie. Dans le parfum des fleurs, dans l’or du couchant ou dans un grand silence de neige. Était-ce Pâques ou Pentecôte ? Était-ce dans la touffeur de midi ou sous la caresse du ciel étoilé ?

On ne sait rien, que sa disparition. Discrète apothéose.

On ne sait pas si son beau corps a été enseveli, ni en quel endroit, s’il fût livré au vent, à l’onde, ni si quelqu’un a murmuré une prière sur sa tombe.

Dans une des dernières lettres du recueil, elle avertit sa « chère fille » :  » Ne te demandes pas ce qui m’arrivera, si je serai errante dans le pays où si je finirai en prison. Quoi qu’il arrivera, ce sera l’œuvre de l’Amour. »

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« Ah ! cher Amour, vos fureurs, vos sourires, votre haut vouloir et votre dette, votre venue et votre fuite, à tout cela que pouvons-nous comprendre ? »

A la même époque, du côté de Damas, Ibn Arabî, le soufi d’origine andalouse, énonce : « L’Amour est savouré, mais son essence demeure incomprise. »

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Hadewijch est une des premières à dégager le spirituel du religieux, la vie intérieure des croyances imposées, au risque d’évacuer bientôt le rôle du clergé et les prérogatives de l’Église. Toute religion s’appuie sur une assemblée humaine, elle est d’ordre collectif et encourage le nombre, tandis que l’aventure spirituelle est d’ordre privé, éminemment singulière et nécessairement solitaire.

Jacqueline Kelen dans Hadewijch d’Anvers : Ou la voie glorieuse

Une pièce musicale de Dvorák – Messe D-dur, op 86 Kyrie

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