Jusqu’au dernier souffle

J’ai parfois l’impression que nous avons inventé le terme de la vieillesse pour apprivoiser notre peur de la mort. Mais, la vieillesse n’existe pas. Ou plutôt, il n’y a de vieillesse que là où il n’y a plus de projet de vie.

Bien sûr, le corps s’use. Bien sûr, nous ressentons le besoin de changer de rythme. C’est tout à fait sain de le faire.

Pour certain que le travail est devenu trop énergivore, ou que les relations de pouvoir et interpersonnelles se sont tendues, la retraite peut apparaître comme la promesse d’une autre vie. Mais, malheureusement, elle peut aussi être un cauchemar. Après la période de tension avant le départ à la retraite, c’est l’arrêt total. Il n’est pas facile de changer de rôle social, de perdre sa capacité de se réaliser. Toutes les compétences acquises pour travailler sont réduites à néant. La retraite est un cauchemar lorsqu’elle nous fait vivre le sentiment d’être inutiles.

Une amie me parlait souvent durant nos promenades de la beauté des grands arbres matures et de leurs importances pour maintenir la vie. Elle en remarquait la beauté des marques du temps sur leurs écorces. Et pourtant, lorsqu’elle regardait son visage vieilli et ridé, elle disait que sa beauté était disparue.

Pour se trouver belle, elle me montrait parfois des photos d’elle plus jeune où son visage resplendissait de jeunesse, de beauté et de charme.

Quand la peur s’installe, nous ne percevons plus la beauté des différentes phases de la vie. On en arrive à se refuser d’aimer, de faire ce que nous apprécions et d’être ce que nous sommes.

La vieillesse nous confronte à notre conception de l’amour de soi. Aimons-nous avant tout l’apparence, ou la profondeur de notre vraie nature ?

Lorsque nous faisons une retraite de notre vie, on s’isole, nous vivons la solitude, par exemple lorsque nous nous retrouvons seuls avec le départ du conjoint, les enjeux de l’autonomie financière se pointent. La paresse arrive, et, avec la paresse, vient l’ennui.

Pour ceux qui désirent rester en vie, ils choisissent de ne pas se retirer du monde, ils demeurent actifs. Ils ont beaucoup à faire, mais ils le font à leurs rythmes. Une promenade en forêt, s’occuper de son jardin, aller observer les oiseaux, collectionner les petits plaisirs, faire du bénévolat, et aller voir des spectacles.

À nous de nous adapter avec ce qui passe et qui s’use en chacun. Il nous est toujours possible de puiser dans la part lumineuse de notre être. On découvre alors que notre désir d’amour n’est jamais assouvi. Jusqu’au dernier souffle.

Une chanson de Jacques Brel interprétée par Melody Gardot – La chanson des vieux amants

Les paroles sur https://www.lacoccinelle.net/974113.html

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