Contacts lumineux

Accompagner une personne dans les derniers pas de sa vie n’est pas une simple expérience. Cela demande d’apprivoiser les vertus de l’abandon. Je me souviens encore de ces derniers jours avec une personne chère.

J’étais assis juste à gauche du lit. Il y avait une petite musique douce qui remplissait la chambre. Dehors, c’était une journée de pluie qui ne semblait pas vouloir s’arrêter. J’ai pris un livre de Khalil Gibran que nous aimions l’une et l’autre et je me suis mis à lire lentement, afin de permettre aux mots de bien dessiner la portée que nous y trouvions. Elle s’est endormie pendant ma lecture, et je l’ai regardée se reposer. Je me suis plongé dans un état méditatif.

Au bout d’une vingtaine de minutes, elle s’est réveillée et elle a murmuré : « Tu es encore ici, je pensais que tu serais partie. Tu dois avoir tant à faire. » Je me suis penché, j’ai déposé un baiser sur le front et je suis resté là sans bouger. Elle s’est rendormie, un léger sourire aux lèvres.

Ses mots avaient ravivé en moi tout ce que mon rythme de vie était et j’appréciais encore plus d’avoir choisis de rester et de prendre ce temps précieux de vie. Je me remémorais qu’elle avait aussi eu une vie bien remplie, entre le travail, la réalisation de ses rêves et la réalisation des activités quotidienne. Je revoyais certaine de nos marches dans la nature à bavarder et contempler.

Près d’une demi-heure plus tard, elle s’est à nouveau réveillée. Elle a murmuré : « Tu es toujours là. » Doucement, ma main s’est glissée dans la sienne elle n’a pas tardé à s’assoupir. J’ai ressenti qu’elle allait me manquer terriblement, et quelque chose en elle s’est synchronisée parce qu’elle a serré ma main. J’ai eu des larmes de gratitude pour tous les moments que nous avions vécus ensemble et pour le lien qui se formait.

La vie est faite de contacts lumineux si nous prenons le temps de nous y arrêter. Ce n’est pas une question d’être en alerte, mais d’être en accueil. Le jour de sa mort, je savais que ma tristesse portait un amour immense ne laissant place à aucun regret.

Il est bon d’apprendre à établir des contacts lumineux, ces clairières dans la forêt des horizons perdus, où l’accueil est naturellement bienveillant.

Une pièce misicale avec Herbert von Karajan – Beethoven: Symphony No. 6 « Pastoral »

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