Éloge à la vieillesse

C’est seulement en vieillissant que l’on s’aperçoit que la beauté est rare, que l’on comprend le miracle que constitue l’épanouissement d’une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des œuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières.

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Je connais bien le sentiment de tristesse qu’inspire la précarité de toute chose, je l’éprouve à chaque fois qu’une fleur se fane. Mais il s’agit là d’une tristesse sans désespoir.

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Feuille morte

Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,

Toute matinée veut devenir soirée,

Sur terre rien n’est éternité,

Si ce n’est le mouvement, le temps qui fuit.

Même le plus bel été veut voir une fois

La nature qui se fane, l’automne qui vient.

Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid

Lorsque le vent veut t’enlever au loin.

Poursuis tes jeux et ne te défends pas,

Laisse les choses advenir sans heurts,

Laisse enfin le vent qui te détacha

Te conduire jusqu’à ta demeure.

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Les disparus ainsi que l’essentiel de leur être qui nous a influencé vivent à travers nous, aussi longtemps que dure notre existence. Parfois nos entretiens et nos discussions avec eux sont plus fructueux qu’avec les vivants, et ils nous dispensent de meilleurs conseils.

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Cher enfant, ce que les hommes profèrent se révèle toujours plus ou moins faux ; toutes proportions gardées, c’est encore au berceau

qu’on est le plus honnête, puis bien plus tard sous terre.

Hermann Hesse dans Éloge de la vieillesse

Une pièce musicale de Wagner – Das Rheingold – Entry of the Gods Into Valhalla

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