Le loup des steppes

On ne peut vivre intensément qu’aux dépens de soi-même.

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Chacun de nous tient ses souffrances pour les plus cruelles de toutes.

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L’homme puissant périt par la puissance; le cupide, par l’argent; l’humble, par la servitude; le jouisseur, par la volupté. Le Loup des steppes, lui, périt par l’indépendance.

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Imaginons un jardin où poussent des centaines d’espèces d’arbres, des milliers de fleurs différentes, des centaines de variétés de fruits, des centaines de types d’herbes. Si le jardinier chargé de son entretien a des connaissances botaniques limitées, lui permettant uniquement de faire la distinction entre les plantes  » comestibles  » et les  » mauvaises herbes « , il ne saura pas comment s’occuper des neuf dixièmes de son jardin. Il arrachera les fleurs les plus merveilleuses, abattra les variétés d’arbres les plus nobles ou les détestera, les regardera de travers. C’est ainsi que le Loup des Steppes se comporte vis-à-vis des mille fleurs ornant son âme.

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Chacun sait bien, dans un recoin de son âme, que le suicide représente une issue, mais que celle-ci n’est qu’une solution de fortune, un peu mesquine et illégitime. Au fond, il est plus noble et beau d’être vaincu et abattu par la vie que par soi-même.

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L’être humain ne dispose pas d’une grande capacité de penser ; même le plus intellectuel et le plus cultivé des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.

Hermann Hesse dans Le loup des steppes

Une pièce musicale de Rockin’1000 | Born to be wild (Steppenwolf) | Paris (2022)

Les paroles en français sur https://www.lacoccinelle.net/244277.html

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