Une révolution psychologique

Est-il possible que le penseur et la pensée, l’observateur et l’objet observé ne fassent qu’un ?

Vous ne le découvrirez jamais si vous ne jetez qu’un regard succinct au problème et me demandez quelques explications sommaires sur tel ou tel point. Le problème est évidemment le vôtre, et pas seulement le mien ; vous n’êtes pas venu ici pour savoir comment moi je considère ce problème ou les problèmes universels.

Ce conflit intérieur permanent, tellement destructeur et tellement nuisible – c’est à vous de le résoudre, ne croyez-vous pas ? Et c’est aussi à vous qu’il appartient de découvrir comment susciter en vous-même un changement radical, au lieu de vous contenter de révolutions superficielles d’ordres divers – politique, économique, administratif.

N’essayez pas de me comprendre ou de comprendre la façon dont j’envisage la vie. C’est vous-même qu’il faut essayer de comprendre, car ce sont vos problèmes auxquels vous devez faire face. En les considérant ensemble, ce qui est précisément ce que nous faisons au cours de ces causeries, nous pouvons peut-être nous aider mutuellement à en avoir une vision plus claire, plus distincte. Mais voir les choses lucidement, si l’on reste au stade des mots, ne suffit pas, et cela n’entraîne pas le moindre changement psychologique créateur. Nous devons aller au-delà des mots, au-delà de tous les symboles et des sensations qui s’y associent….

Ces choses-là, nous devons les écarter et en venir au problème essentiel : comment dissoudre le « moi », qui nous lie au temps, et dans lequel il n’est ni amour ni compassion ? Il n’est possible d’en transcender les limites que lorsque l’esprit ne se scinde pas sous la double forme de penseur et de pensée. Ce n’est que lorsque le penseur et la pensée ne font qu’un, que vient le silence, ce silence dans lequel plus aucune image ne se forme, et où toute expectation de nouvelles expériences a disparu. Dans ce silence, le sujet et l’objet de l’expérience se confondent ; et alors il est enfin une révolution psychologique – qui est créatrice.

Jiddu Krishnamurti (1895-1986) : Il fut un libre penseur, qui s’est promené dans le monde. Il est considéré comme l’un des grands penseurs et maîtres spirituels. Il ne proposait aucune philosophie ou religion. Il expliquait avec minutie les subtils mécanismes de l’esprit humain, et il insistait sur la nécessité d’introduire une qualité profondément méditative et spirituelle dans notre vie de tous les jours. Il n’appartenait à aucune organisation, aucune secte, à aucun pays, ne s’inscrivait dans aucun courant de pensée, politique ou idéologique. Il affirmait tout au contraire que ce sont là les véritables facteurs qui divisent des hommes et entraînent les conflits et les guerres. Citation : Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire.

Jiddu Krishnamurti dans Le Livre de la Méditation et de la Vie

Une pièce musicale de Vangelis – Come to Me

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