
Marcher à la façon des taoïstes, c’est être réceptif au courant du tao qui traverse sans distinction les rochers, les arbres, les fleuves, les collines et le corps humain.
Marcher à la façon des taoïstes, c’est aller à l’opposé de la pensée linéaire – comme le souffle de la vie, comme un vent qui va et qui vient, un vent circulaire, dansant, labyrinthique.
Marcher à la façon des taoïstes, c’est un peu flotter comme un bout d’étoffe, zigzaguer comme un homme ivre, comme si un vent brusque emportait les pas.
On doit passer inaperçu, se fondre dans la nature, sans laisser de traces, comme les oiseaux. On devient arbre en entrant dans un bois, eau en entrant dans la rivière, rocher en marchant sur les rochers.
Pour le taoïste, marcher c’est être dans un état où le temps n’existe plus, « vomir son intelligence » et traverser les obstacles sans qu’aucun vous heurte.
Marcher comme une feuille morte tombée de l’arbre que le vent emporte, sans savoir si c’est le vent qui vous porte ou si vous portez le vent…
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Avant de rêver de partir faire des expériences dans un vrai désert, il serait bon d’apprendre à filtrer le bruit qui nous vient de l’extérieur, en particulier des informations à sensation véhiculées par les médias. Il y a là une pollution mentale considérable; j’espère que cette notion de pollution mentale émergera très prochainement dans le public, de même que sont ressorties les notions de pollution sonore ou de diminution de la couche d’ozone. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de faire de notre « intérieur » un désert; en revanche, on peut en faire un parc naturel, où notre propre nature peut être protégée et se développer elle-même à l’abri de l’invasion désordonnée d’éléments extérieurs.
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On devient ce qu’on médite
Celui qui marche en réalisant l’harmonie s’identifie totalement avec les êtres et les choses; il pénètre les éléments. »
Michel Jourdan (1947- ) vit en ermite depuis plus de quarante ans et a publié de nombreux livres. « Journal du réel gravé sur un bâton » (1991) a reçu le prix Alexandra David-Néel en 1991. Jacques vigne, psychiatre de formation, est auteur de nombreux ouvrages sur la psychologie et la spiritualité. Il vit en Inde qu’il parcourt une partie de l’année et séjourne le reste du temps dans un ermitage de l’Himalaya
Michel Jourdan et Jacques Vigne dans Marcher, méditer
Une pièce musicale de Three Treasures (Daoist Chanting)
