
La mer n’est pas un paysage. C’est une apparition.
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L’océan a ses marées, la vie a ses hauts et ses bas. Il est préférable d’accompagner le mouvement plutôt que de s’y opposer.
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Il faudrait ainsi qu’on ait la force de convertir nos regrets en actes, nos remords en affirmations : ce que j’ai fait, je l’ai fait. Même si j’y ai laissé des plumes et des illusions, c’est le chemin que j’ai pris. Je fais de ce moment de ma vie, de ce virage et de mes erreurs, mon parcours.
C’est une page de ma vie, pas un raté ; c’est une étape que j’ai vécue, pas une absurdité. Il ne s’agit pas de s’aveugler ou de se chercher de fausses excuses, mais d’inclure les manqués dans le scénario, de les intégrer au récit : oui, cela aussi, je l’ai fait. Je n’aurais peut-être pas dû, mais ce fut quand même mon voyage. Non pas la somme de mes remords, un poids mort de regrets, mais un cap que j’ai bel et bien pris. Aller aux vents mais confiants.
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On mène trop souvent une vie casanière, où l’on s’interdit plus qu’on espère. On ne voit jamais assez grand pour soi, jamais assez large. On manque d’audace. C’est ce que nous souffle la trépidante vie maritime, celle des matelots, des navigateurs, des moussaillons, des fiancées de l’Atlantique, des marins. S’ils ont parcouru les mers, c’est sans fanfaronner ni se vanter, simplement parce que pour eux, la vraie vie était là, loin des côtes. Une vie à la proue, sans adresse ni attache.
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Chacun de nous est une île, révoltée contre la foule uniforme, îlot volcanique, advenu à soi après une longue maturation, île batailleuse ou trouvant, au contraire, rapidement sa place dans le grand océan.
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Le temps de la mer, quand on prend le pouls de ses mouvements depuis le rivage, c’est celui de l’infini recommencement.
Laurence Devillairs dans Petite philosophie de la Mer
Une pièce musicale de Deuter – Sea and Silence
