
Même si le Soi apparaissait à l’expérience comme une totalité, ce ne serait là pourtant encore qu’une expérience limitée; la véritable expérience de Sa réalité illimitée et infinie. La conscience de notre Moi n’est capable que d’une expérience limitée. Nous pouvons seulement dire que le Soi est illimité, nous ne pouvons pas faire l’expérience de Son infinitude. Je peux dire que la conscience est la même chose que le Soi, mais ce ne sont que des mots, car il n’y a pas la moindre preuve que je participe du Soi au-delà des limites de mon Moi conscient. Que sait le fragment de la montagne tout entière, même s’il en est visiblement une partie? Si je ne faisais qu’un avec le Soi, je parlerais le sanskrit, je lirais les inscriptions cunéiformes, j’aurais connaissance des événements de la préhistoire et de la vie sur d’autres planètes. Malheureusement, il n’en est rien.
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Que la situation change, et le besoin d’une nouvelle vérité se fait sentir, c’est pourquoi la vérité est toujours relative à une situation déterminée. Aussi longtemps que le symbole constitue la réponse vraie, et donc libératrice, à une situation qui lui correspond, il est vrai et valable, même « absolu ». Mais que la situation change et que le symbole soit simplement perpétué, et il n’est plus qu’une idole dont l’action se borne à appauvrir et abêtir, car elle ne fait que rendre inconscient sans donner ni explication ni illumination.
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Le symbole instruit, l’idole aveugle.
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Nous ne devons pas nous représenter l’inconscient collectif ni comme ordre ni comme désordre. L’expérience montre l’existence des deux. C’est pourquoi, en présence d’une conscience désordonnée, l’ordre peut venir de l’inconscient, et inversement avec un cosmos de conscience trop étriqué, on assiste à une irruption du chaos inconscient.
Carl Gustav Jung (1875-1961) est un médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse.
Carl Gustav Jung dans Le Divin dans l’homme : Lettres sur les religions
Une pièces musicale de Michel Pépé – Rosa Mystica
