Tout ? Rien.

L’histoire du soldat, histoire toute simple où le poète Ramuz va à l’essentiel. Joseph le soldat a un congé de quelques jours. Il a marché depuis longtemps, s’arrête au bord d’un ruisseau, tire de son sac un petit violon, en joue… Mais le Diable, qui passait par là, est envoûté par la musique de ce violon qui exprime la joie de vivre. En échange du violon, il propose à Joseph un livre, livre magique, qui lit dans le temps; c’est un livre, un coffre-fort, on en tire des titres, des billets, de l’or !

Le Diable invite pour quelques jours Joseph chez lui. Mais pendant ces jours de bombance, en réalité trois années ont passé, et quand il revient chez lui, sa fiancée s’est mariée, a deux enfants, sa mère et ses amis le prennent pour un revenant, on le fuit !

Il devient riche énormément, tout le monde l’envie…

On a tout ce qu’on veut,

on n’a qu’à avoir une envie

on tire à soi toutes les choses de la vie.

Parce qu’on doit mourir un jour; et, vite,

avant qu’on meure, tout…

Une chose, puis encore une autre, puis encore une ;

je les appelle,

Parce qu’on peut payer, alors on paie,

et elles viennent.

Tout… Il s’arrête. Tout ? Rien.

Tout, et puis rien, comme il voit.

Tant qu’on en veut, des choses, tout le temps,

et comme si elles n’étaient pas,

parce qu’il n’y a rien dedans.

Des choses fausses, des choses mortes,

des choses vides: rien qu’une écorce…

Ô les bonnes vieilles choses alors,

les choses vraies, à tout le monde,

celles qu’on n’a plus, les seules qui comptent !

Les choses du dedans, les seules qui fassent besoin:

ils n’ont rien, ils ont tout; et moi qui ai tout,

je n’ai rien !

… Éternel dilemme que la situation mondiale et nos connaissances de l’état de la planète rendent encore plus aigu ! Seule la générosité permettra de créer un équilibre.

Serge Mongeau dans L’écosophie ou la sagesse de la nature: suivi de La belle vie

Une pièce musicale de Ludovico Einaudi – Life 

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