Les vivants et les morts

J’ai vécu cela ces jours derniers. Ces jours derniers j’ai vu, parce que j’ai passé au moins deux heures dans un monde, qui est le «physique subtil», où les vivants et les morts se côtoient sans sentir la différence. Cela ne fait aucune différence. Tiens, quand X était dans son corps, je la voyais peut-être une fois par an, la nuit (peut-être, et ce n’est même pas sûr). Pendant des années, elle était tout à fait inexistante dans ma conscience; depuis qu’elle est partie, je la vois presque toutes les nuits! Et elle est là comme elle était, n’est-ce pas, mais pas tourmentée, c’est tout. Et il y avait des vivants – ce que nous appelons «vivants» et ce que nous appelons «morts»–, ils étaient là ensemble, et ils bougeaient ensemble, ils s’amusaient ensemble. Et tout cela, c’était une jolie lumière, tranquille, enfin très agréable, c’était très agréable. Je me suis dit: voilà! les hommes ont fait une coupure comme ça, et puis ils ont dit: maintenant, mort.

C’était en 1962, juste après le premier grand Tournant qui a précipité Mère hors de la trame. C’était la première fois que Mère voyait ces vivants et ces morts ensemble – la première fois à quatre-vingt-quatre ans après une immense vie remplie d’une expérience approfondie de tous les plans et tous les mondes possibles. Elle était sortie mille fois de son corps, depuis l’âge de cinq ans, et elle n’avait jamais vu cela. Elle n’avait jamais vu ce monde où les vivants et les morts sont ensemble… comme si la vie et la mort étaient du même côté. Il y a donc un lieu de la conscience où ça existe, et le seul lieu où se situait son expérience, alors, c’est le niveau cellulaire, la conscience des cellules du corps. Au niveau cellulaire, tout en bas de l’échelle matérielle, les vivants et les morts sont ensemble, il n’y a plus deux côtés: il y a un seul côté – de même qu’il n’y a plus de «là-bas», «ici», «hier», «aujourd’hui». Et pourtant c’est un monde matériel parce que si les cellules ne sont pas matérielles, alors qu’est-ce qui est matériel? C’est-à-dire que notre monde physique se prolonge d’une façon tout à fait inattendue: sa «vie», sa «mort», ne sont pas plus des données réelles et définitives, «scientifiques» pourrions-nous dire, que son espace et son temps. C’est une façon de voir et d’être provisoire qui convient à notre transit évolutif par la cage, mais qui ne correspond pas à la réalité physique définitive de l’univers. C’est la réalité de la cage.

Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.

Satprem dans Mère ou l’ère nouvelle

Une pièce musicale de Ann McDonald – A Calling Home

Laisser un commentaire