L’accueil de l’évidence

L’acceptation dont je parle n’est pas approbation. Elle ne signifie pas qu’il vous est demandé d’aimer ce qui arrive ou de vous retenir de faire quelque chose pour le modifier. L’acceptation est que cela existe, tel que c’est maintenant, en tant que part d’un fonctionnement plus vaste et que le retour à la santé, par exemple, devrait-il se produire, existe également en tant que partie de ce fonctionnement plus vaste. Des changements ont donc lieu. C’est la trame même de la manifestation : la santé se meut en maladie, la maladie se meut en santé ; il y a mouvement continuel. C’est le flux et le reflux de l’Univers. Nous pouvons nourrir une préférence pour une situation plutôt qu’une autre, mais quand l’une est considérée a contrario comme la seule qui devrait exister, la souffrance est alors inévitable.

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Peut-être avez-vous remarqué que l’acceptation est imprévisible. Vous ne pouvez la provoquer vous-même! En dépit de vos meilleures intentions, de vos plus valeureux efforts, l’acceptation a le chic pour vous glisser entre les doigts. L’acceptation survient, comme le fait la non-acceptation. Elle survient. L’acceptation peut surgir à tous instants et sans avertissements, sans préparation. Vous ne pouvez la fabriquer. Et reconnaître que vous ne pouvez la fabriquer, est en soi l’acceptation.

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Chaque individu est un masque que porte Dieu pour s’exprimer. Les masques sont cruciaux, sans eux il ne pourrait y avoir de représentation. Comme il n’y aurait aucune manière de différencier les acteurs de la pièce. Mais occasionnellement Dieu porte un masque presque transparent et le spectateur avisé saisit un aperçu de l’infini.

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Cela n’a rien à voir avec l’approbation. Je ne suis pas en train de dire que vous devez aimer ce qui se passe. L’acceptation peut embraser quelque chose de tout à fait horrible, de tragique, de douloureux. Et au milieu de l’horreur, de la douleur, il peut y avoir la paix. Et la paix se trouve dans l’acceptation, dans la reconnaissance que cela est, en cet instant.

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Tout autour il y a le tumulte tourbillon de la vie, mais dans l’œil du cyclone règne la paix, la quiétude. L’acceptation dont je parle est synonyme de cette paix et de cette quiétude.

Wayne Liquorman dans L’accueil de l’évidence : Invitation à la paix sans retour

Une pièce musicale de Ryuichi Sakamoto · Brussells Philharmonic · Dirk Brossé dans Acceptance