
« Positiver » : ce verbe récemment inventé n’est pas un vain mot. Rendre positifs les rapports humains, quoi en effet de plus utile, de plus essentiel ? Et de plus difficile aussi, car chacun joue son rôle, se débat intérieurement dans ses propres contradictions et doit affronter ses propres réactions primaires. Le travail en équipe, la vie de famille, toutes les relations de groupe, permettent (ou permettraient si l’on n’était si souvent aveugle aux autres) d’effectuer une véritable alchimie des rapports humains et, partant, de transformer le plomb de nos caractères, en or. On devrait accorder ceux-là comme des instruments de musique qui, tous différents, doivent s’harmoniser afin d’éviter les dissonances et être à même de jouer le même mouvement. « Agir de concert » est une expression qui prend alors tout son sens. Ce sont ces correspondances, cette concordance des vibrations qui permettent de faire en effet cause commune, et qui portent en elles le germe de résultats heureux et plus immédiats.
Le problème reste que nous préférons souvent ruminer nos ressentiments, comme si nos aigres rancœurs s’avéraient plus intéressantes qu’une action nouvelle débarrassée de tout préjugé. Par cette attitude, nous nous irritons nous-mêmes (le corps et l’esprit) tout en polluant notre environnement qui, à son tour, nous en veut…
Cercle vicieux qu’il faudrait rompre dès qu’on en pressent la naissance. Pour cela, on peut, par exemple, faire attention à la façon dont glissent et basculent nos états de conscience ; perdre toute lucidité est facile : il suffit de la fixation d’une émotion ou d’un ressenti à l’état d’une pensée qui tourne en rond, et voilà le champ de notre conscience envahi.
Réanimer cette lucidité, l’éveiller, la faire sortir de cette stupeur (ou de ce tourbillon) qui annihile toute perception annexe, est en fait notre travail essentiel en ce monde. C’est le grand œuvre qui, à chaque instant, nous fait évoluer, nous et notre sphère d’action et, pourquoi pas, le cosmos tout entier. Et sa musique…
Ne serait-ce pas là une bonne façon de s’attaquer aux problèmes, mentaux et concrets, qui nous assaillent ?
Encore faut-il, pour y arriver, savoir prendre de la distance par rapport à nos formes-pensées.
Marc de Smedt (1946) est un éditeur, journaliste et écrivain français.
Il s’est spécialisé dans les techniques de méditation et les sagesses du monde, qu’il retranscrit et partage dans son œuvre. Dans cette réédition, revue et complétée, d’un ouvrage paru en 1993 sous le titre La Porte oubliée, l’auteur traque les dénominateurs communs de nos diverses croyances et dénonce les multiples détournements de sens, tout en définissant les principes, moraux et pratiques, d’une véritable métapsychologie moderne, accessible à tous, athées ou croyants
Marc De Smedt dans Éloge du bon sens dans la quête de sens
Une pièce musicale de Tony Levin – Floating in Dark Waters
