Mère ou l’Ère nouvelle

On ne vas pas vers «mieux», nous allons vers autre chose. Je ne suis pas encore au bout, mais j’ai compris ce que c’est. Et c’est quelque chose de capital. Cet état poreux, sans non ni oui, sans mur, n’est pas du tout l’état flou que l’on imagine; c’est peut-être comme un courant d’air, mais un curieux courant d’air: c’est comme si cette nullité sans réflexion propre venait se prendre ou s’accrocher partout comme à un buisson; on se retrouve soudain dans tel être, dans ses réactions, dans sa maladie, comme si c’était à soi – on devient «soi» tout à coup parce qu’on s’accroche là ou plutôt qu’on est accroché là.

«Soi», c’est n’importe où le courant s’accroche, se réfléchit. On devient la pierre, devient la fleur, le flacon d’eau dentifrice. Au lieu d’être accroché dans un corps, son corps, on est accroché par (ou dans) tout ce qui passe. On est la vieillesse de celui qui vous pense vieux; on se sent mourir dans une pensée de mort. Ce sont toutes les petites «maladies-éclair» que Mère n’avait cessé de traverser.

Non, ce n’est pas un état flou: c’est un état extraordinairement précis, douloureusement précis – on est exactement tout ce qu’on touche, tout ce qu’on voit, tout ce qui se passe, à la vibration près. Ce n’est d’ailleurs pas qu’on «voit» ou qu’on «touche»: on est dedans. On est comme c’est. Et cette nullité, plus elle est nulle et sans «défense», plus elle s’emplit comme spontanément de la Vibration, une vibration qui est comme de l’Amour, comme si, au bout de tout, quand il ne reste plus rien, il reste ça: l’Amour… pur. Comme si le monde était vraiment fait d’amour, quand on l’a dépouillé de tous ses revêtements.

La vibration supramentale, c’est vraiment la vibration de l’amour pur. C’est le fond naturel du monde. C’est l’état vrai du monde. Et c’est ce qui est arrivé à Mère lorsqu’elle s’est soudain trouvée en présence, ou à l’intérieur de ce petit échantillon maléfique qui aurait pu la tuer: elle était soudain l’Amour dans ou au fond de ce petit maléfice, et c’est comme si le petit maléfice était subitement guéri par sa propre vibration d’amour – guéri par ce qu’il est réellement. Tout le monde est malade parce qu’il n’est pas ce qu’il est.

Satprem, né Bernard Enginger (1923-2007), Français, Breton, fut pendant vingt ans le confident de Mère, qui lui donna son nom véritable le 3 mars 1957 : Satprem « celui qui aime vraiment ». À l’âge de trente ans, il revient définitivement en Inde auprès de Celle qui cherchait le secret du passage à la « prochaine espèce », et forait en son corps ce passage. Mère, dont il deviendra le confident et le témoin pendant près de vingt ans.

Satprem dans Mère ou l’ère nouvelle

Une pièce musicale de SYMPHONIC RADIOHEAD – NO SURPRISES