L’herbe du diable

Tous les chemins sont les mêmes : ils ne mènent nulle part. … Est-ce que ce chemin a un cœur ? Si c’est le cas, le chemin est bon ; s’il ne le fait pas, il ne sert à rien. Les deux chemins ne mènent nulle part, mais l’un a un cœur, l’autre non. On fait un voyage joyeux ; tant que vous le suivez, vous ne faites qu’un avec. L’autre te fera maudire ta vie. L’un vous rend fort ; l’autre vous affaiblit.

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Lorsqu’un homme commence à apprendre, ses objectifs ne sont jamais clairs. Son dessein est vague, ses intentions imparfaites. Il espère en tirer un bénéfice qui ne se matérialisera jamais, dans son ignorance des difficultés de l’étude.

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Je m’accrochais aux choses comme un enfant à des bonbons. Or l’herbe du diable n’est qu’un chemin parmi un million d’autres. N’importe quoi n’est qu’un chemin parmi des quantités de chemins (un camino entre cantidades de caminos). Il convient donc de ne pas perdre de vue qu’un chemin n’est après tout qu’un chemin ; si l’on a l’impression de ne pas devoir le suivre, inutile d’insister. Mais pour parvenir à une telle clarté il faut mener une vie bien réglée.

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L’homme alors sera au terme de ce voyage à travers le savoir, quand presque sans prévenir surgira le dernier de ses ennemis, la vieillesse. c’est le plus cruel de tous, le seul qu’il ne pourra pas vaincre complètement, mais seulement tenir en respect.

Carlos Castaneda (1925-1998) est un écrivain américain né au Pérou connu pour ses ouvrages relatant ses expériences mystiques.

Carlos Castaneda dans L’Herbe du diable et la petite fumée

Une pièce musicale de Sanación Mágica Chamánica