L’art du silence

La discussion ne doit pas seulement

nous éclairer sur ce que nous voyons,

mais nous mener vers ce que nous ne voyons pas,

vers ce qui nous touche, nous émeut

et nous porte tout au fond de nous,

vers ce qui nous fait vivre. …

Quand un malentendu s’élève dans une discussion,

nous reprochons généralement à l’autre

de nous avoir mal compris.

Nous reprenons nos explications. …

Or regardons-les de plus près,

pour s’y arrêter afin d’accéder par là même

à une autre dimension de la pensée.

Dans la discussion, il ne s’agit pas d’échanger des vérités,

mais de faire advenir la vérité,

de permettre aux paroles prononcées

de « dévoiler » quelque chose,

d’amener au jour ce qui est.

L’objectif est de communiquer, d’essayer de comprendre

ce que l’autre formule dans son langage,

d’avoir accès à l’expérience cachée derrière les mots. …

Il ne s’agit donc pas d’avoir raison,

mais de communiquer sur ce qu’il y a derrière les expériences. …

Nous avons un certain horizon,

à partir duquel nous voyons le monde.

Notre interlocuteur en a un autre.

Nous ne discutons pas pour savoir

lequel de ces horizons est juste,

il s’agit plutôt de les faire fusionner.

Car notre horizon est toujours limité.

Lorsque les horizons fusionnent,

alors peut aussi s’exprimer ce qui nous est commun.

Anselm Grün (1945 ) est moine à l’abbaye bénédictine de Münsterschwarzach depuis l’âge de 19 ans. Dans les années 1970, il découvrit la tradition des moines de l’Antiquité et entrevit leur signification nouvelle, en lien avec la psychologie moderne. Après ses études de philosophie, de théologie et d’économie, il est cellérier depuis 1977, ce qui fait de lui le directeur financier et le chef du personnel de l’abbaye.

Anselm Grün dans L’art du silence

Une pièce musicale de Benedictine Monks of the Abbey Munsterschwarzach – Gregorian Chant (Sequentia)