Ce que la vie doit au rire

L’humain est une créature dont le cerveau possède 100 milliards de neurones et chacun d’eux peut se connecter à des milliers d’autres. Ainsi, chaque personne qui lit ce texte développe plus de connexions nerveuses qu’il n’y a d’étoiles dans la Voie lactée. Armé de cette machine de création et de destruction massive dans sa boîte crânienne, l’humain décortique les lois de la nature et chambarde la biosphère. Et quand il lui reste de l’énergie cérébrale à gaspiller, il joue au créateur et philosophe sur les grandes questions de l’existence comme : « D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Est-ce qu’il y a de la vie ailleurs dans l’univers ? Est-ce que le ver de terre souffre quand on le coupe en deux ? » Vous riez, mais cette dernière grande question divise l’humanité depuis si longtemps. Pourtant, seuls les lombrics peuvent y répondre. Encore faudrait-il savoir à quel bout il faut tendre le micro pour l’interroger si on veut éviter d’obtenir une réponse sans queue ni tête.

Quand on est un animal aussi intelligent, aussi créatif et aussi générateur d’idées, impossible d’empêcher les neurones de divaguer, de pelleter des nuages, d’enculer des mouches, de s’ennuyer, de s’attrister, de surchauffer, de s’inquiéter et de déprimer, parfois sans raison. Il suffit de constater, aujourd’hui, comment une simple action virtuelle sans importance peut amener certains à broyer du noir. Le commentaire insignifiant d’un imbécile à l’autre bout du monde suffit à faire dérailler les neurones de gens qui vivent pourtant confortablement. Certaines victimes connaissent des épisodes d’anxiété et de stress aussi délétères que celles des chasseurs-cueilleurs découvrant dans leur caverne des crottes de grands prédateurs.

Les facteurs stressants de notre vie ont changé depuis le néolithique, mais les réponses physiologiques du corps ne font pas encore la différence entre une menace véritable et une intimidation virtuelle. Tout se passe comme si les grands prédateurs qui terrorisaient nos ancêtres lointains avaient déménagé dans Internet, tandis que l’algorithme du cerveau génère des programmes susceptibles de nous faire plonger dans des abîmes de cauchemars.

Le cerveau humain représente 2 % de la masse du corps, mais consomme près de 20 % de toute notre énergie.

Boucar Diouf (1965) est un animateur et humoriste québécois, c’est aussi le porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie (RVF). Né au Sénégal, il est titulaire d’un doctorat en océanographie de l’Université du Québec à Rimouski portant sur l’adaptation des poissons au froid. Il a enseigné pendant 8 ans à l’université avant de devenir animateur et humoriste. L’humour est le moyen par lequel j’arrive à prendre le dessus sur le hamster qui trottine constamment dans mon cerveau », écrit Boucar en ouverture de ce livre en deux parties. Dans la première, il nous explique, avec l’éloquence et la fantaisie qu’on lui connaît, les bienfaits du rire sur la santé, physique et mentale. Dans la seconde, il retrace, à travers de petits textes humoristiques, le chemin qui a fait de lui le plus Québécois des Sénégalais. En effet, pour le conteur biologiste, l’humour est un outil de charme qui bâtit un pont entre les cultures, un trait d’union qui lui permet de relier l’Afrique et le Québec, une arme de séduction massive pour dynamiter les préjugés.

Boucar Diouf dans Ce que la vie doit au rire

Une pièce musicale de Soprano – Clown

Les paroles sur https://genius.com/Soprano-clown-lyrics